Les secrets de la manipulation efficace

Extrait de l'introduction

Je manipule, tu manipules, il manipule, nous manipulons... Nous sommes tous des manipulateurs et c'est bien ainsi!

Le contraire, c'est la barbarie, la loi du plus fort physiquement, bref l'envers de la civilisation et de la démocratie, où, du moins si nous ne sommes pas tous égaux de nature, chacun est en droit d'affirmer ses besoins, ses désirs, de défendre ses intérêts.

Les sociétés à peu près paisibles manipulent leurs citoyens, parfois pour leur bien, les autres utilisent des bombes.

De la même manière, à titre individuel, nous manipulons tous plus ou moins nos proches, et plutôt plus que moins. Disons-le tout net: la manipulation fait partie du vivant, sans elle pas d'existence et d'avenir possibles, c'est l'une des clés de l'adaptation.

Nous autres, humains, avons perfectionné son usage, mais le monde animal ne nous a pas attendus pour déployer des trésors d'artifices, de ruses, de tromperies et autres manipulations plus ou moins occultes et silencieuses.

Les exemples ne manquent pas, ils foisonnent même, dans la nature: animaux et plantes envoient toutes sortes de faux signaux pour écarter les prédateurs ou, au contraire, attirer leurs proies.

Ainsi, les orchidées miroirs affichent de belles fleurs bleues qui sont les sosies des guêpes femelles et diffusent un cocktail chimique qui simule les phéromones émises par celles-ci pour attirer les mâles.

De son côté, l'inoffensive couleuvre à nez plat est capable à l'approche d'un danger de se faire passer pour un cobra; elle aplatit sa tête, la déploie en capuche et fait mine d'attaquer en sifflant d'un air menaçant.

Ou encore, la cane, souvent l'objet de viols multiples, a inventé une parade pour avoir le dernier mot: un vagin constitué de plusieurs «tunnels», dont la plupart ne mènent les canards nulle part, un seul conduisant à l'ovule.

Et, comme nous, tous les singes sont bien évidemment capables de tromper leur monde...

Ces dernières années, on a vu sur le thème de la manipulation se multiplier les ouvrages moralisants: il y aurait d'un côté les gentilles victimes; de l'autre, de vilains, voire de très, très vilains, manipulateurs.

Certes, il y a des manipulateurs détestables, mais les vrais criminels sont rares. Et puis, au-delà d'une certaine limite, il ne s'agit plus de manipulation, mais d'agression pure: harcèlement moral, violences conjugales, maltraitances...