Que faire de Carl Schmitt ?

Kervégan Jean-François

GALLIMARD

Résumé :


L'affaire est entendue, et Karl Jaspers l'a résumée : Cari
Schmitt fait partie avec Heidegger de "ces professeurs [...] qui
ont tenté de prendre intellectuellement la tête du mouvement
national-socialiste". Depuis lors, nonobstant, des
contradicteurs distingués, Strauss, Löwith, Peterson, Kojève,
Blumenberg, Habermas, Derrida..., ont discuté âprement ses
thèses, souvent pour les rejeter, comme il en va avec tous les
classiques intéressants, de Platon à Wittgenstein.
Aussi l'heure
est-elle venue de "partir de Cari Schmitt", au double sens de
reformuler des questions essentielles à partir de certains de ses
travaux et de lui donner congé lorsqu'il ne nous aide plus à
penser. Certains de ses concepts (le nomos de la terre, la
constitution comme décision "existentielle"...) ou des concepts
sur lesquels il a apposé son empreinte (le pouvoir constituant,
l'Etat de droit "bourgeois") éclairent différemment des
questions telles que le rapport entre décision et rationalité ;
l'enracinement des normes juridiques dans les institutions ; le
statut de l'ordre constitutionnel et ses présuppositions ; les
effets pervers du retour de la morale en politique
internationale (droits de l'homme et démocratie forment-ils le
couple uni que l'opinion dominante nous décrit ?).
Mais cette
fécondité se heurte à une limite fondamentale : Schmitt est
plus efficace pour penser des ruptures et des instaurations que
pour décrire le fonctionnement normal de l'ordre juridique
établi. A jamais, il demeure un penseur du dissentiment.

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EAN
9782070135417
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