Le Surréalisme

Alquié Ferdinand

HERMANN

(FERDINAND ALQUIÉ)

Introduction générale

Ferdinand ALQUIÉ. - Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, la première décade de 1966, consacrée au surréalisme, s'ouvre aujourd'hui.
Avant toute chose, je voudrais remercier Mme Anne Heurgon-Desjardins de l'hospitalité qu'elle nous offre en cette magnifique demeure, et de la peine qu'elle a prise pour organiser cette réunion qui, je l'espère, sera intéressante et féconde. Nous allons étudier un mouvement de pensée et d'art qui nous tient tous à coeur, et dont l'importance me paraît considérable.
Je voudrais remercier ensuite Mme Geneviève de Gandillac qui a, pour organiser cette décade, sacrifié son temps sans ménagement; je sais combien de coups de téléphone elle a donnés, combien de lettres elle a envoyées, combien d'initiatives elle a dû prendre en toutes sortes de domaines, et quels soucis lui a donnés la préparation de ces entretiens. Elle a fait tout cela avec cette gentillesse qui ne la quitte pas, avec cette volonté tenace que dissimule sa douceur apparente, et je l'en remercie.
Je remercie aussi tous les conférenciers qui ont bien voulu accepter de prendre la parole, et tous les présents, dont les interventions, dans les discussions qui suivront les exposés, nous seront précieuses.
J'ai quelques explications à donner sur des points qui pourraient paraître peu clairs. Tout d'abord sur l'absence de Raymond Queneau. Vous savez que, selon les premières décisions de Mme Heurgon, cette décade devait être dirigée conjointement par Raymond Queneau et par moi-même. Raymond Queneau n'a pas cru devoir donner suite à ce projet; je regrette son absence; il aurait été souhaitable que nous puissions bénéficier de ses connaissances et de son talent. J'espère, en tout cas, que vous voudrez bien me pardonner d'apparaître seul, et sans lui, à cette table, et d'assumer seul la direction de ces débats.
En revanche nous nous réjouissons tous, et je me réjouis tout particulièrement, de la participation de plusieurs des membres du groupe surréaliste, sur lesquels, un instant, j'ai craint de ne pouvoir compter. De cette participation, je me félicite d'abord parce que les sujets traités par eux le seront avec une compétence toute spéciale, ensuite et surtout parce que la présence des surréalistes évitera à cette décade de comprendre seulement des exposés faits du < dehors», et au «passé». Dans mon texte d'introduction, je rappelle que le surréalisme n'appartient pas au passé. Je suis donc particulièrement heureux que Gérard Legrand, Jean Schuster, et bien d'autres, qui parleront par la suite, nous fassent entendre la voix, toujours présente, du surréalisme vivant.
J'avais même un instant espéré qu'André Breton pourrait venir. Je ne saurais dire le regret que m'inspire son absence: ce regret est infini. Avec Breton, nous aurions entendu le fondateur du mouvement, l'homme qui, toute sa vie, s'est identifié avec le surréalisme. Et je n'ai pas besoin d'exprimer ici mon admiration pour André Breton, admiration qui lui est acquise depuis que j'ai vingt ans et qui, depuis lors, n'a pas un seul jour cessé de m'aider à vivre.
Je dois dire également pour quelles raisons je ne ferai pas moi-même d'exposé personnel sur le surréalisme, et je tiens à préciser que les quelques mots d'introduction que je suis en train de prononcer ne constituent pas un tel exposé. Je suis un admirateur et un ami des surréalistes, je ne suis pas surréaliste à proprement parler; j'ai écrit, sur le surréalisme, des textes qui n'ont pas toujours eu l'accord des surréalistes eux-mêmes. J'ai donc le désir de présider les débats avec une impartialité totale, et ce sont seulement des questions que, quant à moi, je voudrais poser. C'est à la solution de ces questions que je voudrais convier tous ceux qui sont ici. Il est bien évident que je ne saurais, dès le départ, formuler les réponses qu'à ces questions je donne moi-même.
Cela dit, qu'allons-nous faire? J'ai écrit, dans le texte d'introduction, qu'il était permis de jeter un regard sans passion sur le mouvement surréaliste, sur son histoire, sur les oeuvres nombreuses qu'il a inspirées, sur son influence sur la pensée, l'art, la poésie contemporains. Là-dessus, l'un de vous m'a écrit qu'il était impossible de jeter sur le surréalisme un regard sans passion, et que l'on ne pouvait parler du surréalisme qu'avec passion. D'autre part, certains membres du groupe surréaliste ont exprimé une crainte: celle de se trouver pris dans une sorte de débat universitaire, étranger au style habituel de leurs pensées. Je tiens donc à préciser très simplement la façon dont je vois les choses.

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9782705683719
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