Simone Weil. Ou le combat de l'Ange contre la Force

Ballanfat Marc

HERMANN

Extrait de l'introduction

Depuis qu'un de ses amis de dernière heure, Gustave Thibon, se donna la liberté, après sa mort, d'opérer un "classement" dans ses cahiers pour faire de Simone Weil une âme convertie à l'éternité du message chrétien, le monde des philosophes considère son oeuvre avec une forme de réserve, sinon de suspicion, comme si son expérience religieuse effaçait d'un seul coup des années de combat, de syndicalisme et de réflexion, durant lesquelles elle ne cessa de mettre l'acuité de sa pensée au service de l'action politique.
Pourtant, malgré le relatif silence qui entoure son oeuvre, les études sur la pensée et la personne de Simone Weil se multiplient. On ne compte plus les ouvrages qui lui sont consacrés, les articles qui analysent en détail tel ou tel aspect de son oeuvre, les références, directes ou non, aux thèmes abordés ou développés dans ses textes. Mais alors, pourquoi, dira-t-on, ajouter un essai supplémentaire à la riche bibliographie qui la concerne? Nous avons pris connaissance de la pensée de Simone Weil par le biais de deux entrées, en tous points différentes, voire opposées. Tout d'abord, Daniel Guérin consacra une étude idéologique, en 1936, au fascisme: Fascisme et grand capital. Or, avant même de débuter l'analyse des liens étroits que le fascisme entretient avec certains secteurs du capitalisme, le militant révolutionnaire qu'est Daniel Guérin dénonce l'inertie dont font preuve à son époque les organisations ouvrières et reconnaît avec enthousiasme sa dette envers Simone Weil: «je me laissai persuader par des amis, et notamment par Simone Weil, de combattre le fascisme au moyen de recherches "érudites"» (Avertissement p.15). La lecture de ces lignes révèle l'engagement révolutionnaire de la philosophe et préserve des interprétations rétrospectives de son parcours: son premier combat se situe ici, quand l'intelligence d'une jeune femme de vingt trois ans affronte le péril suprême que représente la montée des fascismes européens. La jeune agrégée de philosophie qu'elle est alors concentre toute l'acuité de sa pensée sur ce point menaçant qui se lève à l'horizon, afin de le traverser, du moins par l'analyse, de le rendre moins effrayant, mais surtout plus concret et plus réel pour l'affronter vraiment. L'attention, si l'on reprend ici ce concept qu'elle affectionne parce qu'elle le doit à son maître Alain, a pour but de rendre les idées de plus en plus réelles, c'est-à-dire enracinées dans l'histoire des hommes, dans les forces en conflit, dans les puissances qui les sous-tendent et les rendent effectives. Voilà la vocation première de Simone Weil, du moins si l'on en juge par ses lumineux articles de 1932 et 33 sur l'Allemagne.

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EAN
9782705680886
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