Le grand théâtre du genre. Identités, sexualités et féminisme en "Amérique"
PARABASE(Before the Act)POINTS DE VUE«- Mais enfin, qui s'intéresse aujourd'hui à la différence ou aux différences de sexe, aux rôles et aux hiérarchies de genre, ou encore aux sexualités, aux États-Unis d'Amérique ou plus exactement d'"Amérique théorique"? Dans ses travaux les plus récents, ceux du moins qu'elle produit aux États-Unis et pour un public américain, Judith Butler ne s'est-elle pas éloignée du champ divisé de la théorie féministe et de la théorie queer? Ne se livre-t-elle pas désormais surtout à une théorisation plus générale du politique, ou encore à une tentative de refondation "poststructuraliste" de la philosophie morale? Eve Sedgwick-Kosovsky, dont les derniers essais portaient sur le problème des "affects" et des "sentiments", n'a-t-elle pas cessé, plusieurs années avant sa mort prématurée en 2009, d'alimenter le champ de la théorie queer, même si elle a continué jusqu'au bout à penser et écrire "in a queer fashion"? Des chercheuses et chercheurs reconnus, tels que Janet Halley, juriste queer de Harvard, et Andrew Parker, critique littéraire de tendance queer, n'ont-ils pas annoncé dès l'année 2007, dans un numéro spécial de la revue South Atlantic Quarterly intitulé «A/ter Sex?, la fin de la théorie queer1»'! Deux ans auparavant, la même Janet Halley n'avait-elle pas proclamé la fin du féminisme - ou plutôt la nécessité d'en finir avec ce dernier - dans un ouvrage intitulé Split Décisions. How and Why to Take a Break from Feminism? Même l'historienne Joan Scott s'interroge, dans un article publié en 2010 dans la revue Diogène, sur l'«utilité» du «concept» de genre qu'elle avait pourtant contribué à élaborer et à promouvoir dans les années quatre-vingt. Quant à Wendy Brown, théoricienne du politique et (post)féministe de renom, elle joue les Cassandre du champ des gender studies depuis 1997.- C'est vrai, et pourtant, les études de genre et la, ou plutôt les théories du genre ont désormais pignon sur rue en Europe. Implantées depuis longtemps en Europe du Nord, les voilà désormais accueillies et reconnues en France ou en Espagne. On commence à faire place au champ de questions qu'elles ouvrent dans l'université. On crée des collections «genre et/ ou sexualités» dans les maisons d'édition. On traduit la pensée féministe et postféministe américaine: Judith Butler et Joan Scott bien sûr, mais aussi Teresa de Lauretis, Donna Haraway, et toutes celles qui les ont précédées: Carole Pateman, Carole Gilligan etc. Et puis, quand Judith Butler vient en France, ce qu'elle fait régulièrement depuis quelques années, c'est quand même surtout pour parler "genre et sexualité(s)".Songe un peu, enfin, aux paradoxes de la réception d'un certain Foucault. Car s'il est vrai que Foucault concevait son Histoire de la Sexualité comme une manière d'en finir avec le mythe moderne de la libération du sexe et par le sexe, son oeuvre n'a-t-elle pas cependant joué un rôle majeur dans l'émergence des études de genre et de sexualité(s) outreatlantique? N'a-t-il pas - malgré lui? - contribué à déclencher "d'étonnantes révolutions de l'amour", aux États-Unis d'abord, et en Europe aujourd'hui?
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EAN
9782701175003
Caractéristiques
EAN | 9782701175003 |
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Titre | Le grand théâtre du genre. Identités, sexualités et féminisme en "Amérique" |
Auteur | Berger Anne-Emmanuelle |
Editeur | BELIN |
Largeur | 135mm |
Poids | 362gr |
Date de parution | 15/03/2013 |
Nombre de pages | 256 |
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