Maîtres anciens

Bernhard Thomas

GALLIMARD

Résumé :


Les peintres n'ont pas peint ce qu'ils auraient dû peindre, mais uniquement ce qu'on leur a commandé, ou bien ce qui leur procurait ou leur rapportait l'argent ou la gloire, a-t-il dit. Les peintres, tous ces maîtres anciens qui, la plupart du temps, me dégoûtent plus que tout et qui m'ont depuis toujours donné le frisson, a-t-il dit, n'ont jamais servi qu'un maître, jamais eux-mêmes et ainsi l'humanité elle-même.
Ils ont tout de même toujours peint un monde factice qu'ils tiraient d'eux-mêmes, dont ils espéraient obtenir l'argent et la gloire ; tous ils n'ont peint que dans cette optique, par envie d'argent et par envie de gloire, pas parce qu'ils avaient voulu être peintres mais uniquement parce qu'ils voulaient avoir la gloire ou l'argent ou la gloire en même temps que l'argent.

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EAN
9782070713424

Coup de coeur de nos libraires

Robin
Thomas Bernhard avait déclaré à un journaliste qui l’interviewait que lorsqu’il voulait rire, il lisait un de ses livres. Celui-ci est, selon moi, le plus drôle d’entre eux. Sous titré « Comédie », le "Maitres Anciens" de Bernhard est un chef-d’œuvre littéraire qui porte à son paroxysme l’art de la répétition qu’a cultivé l’auteur dans le développement de son inimitable « style irrité ». Le passage fameux dans lequel un des personnages évoque le profond dégoût qu’il éprouve pour Heidegger, « une tête kitsch, un faible penseur pré-alpin » est d’une drôlerie jouissive. « De quoi ça parle ? » me demandent parfois mes proches, quand il m’arrive de me perdre en éloges alambiqués et sibyllins de cet texte magistral, espérant par là me ramener sur terre. J’en suis alors réduit à bredouiller, embarrassé : « Eh bien, c’est un homme, qui attend un autre homme dans un musée devant un tableau du Tintoret. Il pense à sa rencontre prochaine avec l’autre homme, au tableau et au gardien du musée. Puis l’autre homme arrive, et ils discutent. ». Je ne manque alors pas de perdre le peu d’attention blasée qu’ils consentaient encore à m’accorder. C’est comme si l’on prétendait décrire le théâtre de Beckett en expliquant que « En attendant Godot » racontait l’histoire de deux homme qui attendent Godot. Je me contenterai donc d’écrire ici en conclusion qu’il faut avoir lu Bernhard pour comprendre ce qu’est Bernhard, et que ce livre est une des meilleures portes d’entrée à son œuvre. Robin
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