Revue de littérature comparée N° 357, 1/2016 : Romans de l'artiste et romans du peintre (XIXe-XXe si

Brunel Pierre

KLINCKSIECK

Michael TILBY, Mémoires d'un corsaire : l'histoire des Adventures of a Younger Son, de Trelawny en français, RLC XC, n° 1, janvier-mars 2016, p. 3-14. Cet article, qui trace l'histoire alambiquée des deux versions françaises des Adventures of a Younger Son, roman d'Edward John Trelawny paru en 1831, se propose d'élargir et de corriger la présentation du texte qui figure dans deux éditions récentes de l'oeuvre. La première de ces traductions, objet d'un intérêt certain dans les milieux littéraires lors de sa parution en 1833, fut l'oeuvre de Juan Florán, Espagnol en exil à Paris. Elle se situe dans le contexte de la vogue du roman maritime et de l'obsession contemporaine de Byron. Nous apportons également des compléments d'information sur la vie et la carrière du traducteur. La deuxième, signée "Victor Perceval" (en fait Marie de Fernand, maîtresse de Dumas) parut en 1856 sans aucune indication du nom de l'auteur anglais. Elle est envisagée ici sous forme d'une supercherie éventuelle de la part de Dumas lui-même. Cécile GAUTHIER, L' "altérité linguistique" russe à l'épreuve de la traduction, RLC XC, n° 1, janvier-mars 2016, p. 15-30. La traduction française des textes russes au xixe siècle se pratique sous influence d'un imaginaire de la langue, une somme de discours relatifs à l'ancrage de l'identité dans la langue, censée conditionner les formes ainsi créées. Dans le cas du français et du russe, la nature du supposé "génie de la langue" rend la confrontation particulièrement frappante : la soi-disant propension du français à la clarté et à l'universalité s'opposerait à l'obscurité, linguistique et esthétique, jugée caractéristique de la fantasmatique "âme russe" (pourtant définie également comme universelle du côté russe). En mettant en relation cet imaginaire de la langue avec la pratique de la traduction, nous nous demanderons dans quelle mesure il est possible de parler d'une exception russe. Charles BRION, Le Disparu de Franz Kafka : un anti-Wilhelm Meister ?, RLC XC, n° 1, janvier-mars 2016, p. 31-46. Kafka adopte une attitude subversive à l'égard de Goethe, perçu comme le modèle du classicisme allemand. Son entreprise romanesque est conçue à chaque étape comme une parodie contestataire du genre germanique et goethéen par excellence : le roman de formation (Bildungsroman). Analyser le premier roman : Le Disparu (Der Verschollene) sous cet angle précis permet en même temps de comprendre les convictions profondes de Kafka. En l'absence de figures bienveillantes, de lieux appropriables et d'un chemin praticable, le protagoniste, incapable d'intégrer la communauté et d'acquérir une personnalité mature, ne peut réussir son existence. Loïse LELEVE, Fictions de l'énigme : vers une poétique du faux tableau, RLC XC, n° 1, janvier-mars 2016, p. 47-62. Les XXe et XXIe siècles voient l'apparition de plus en plus prégnante, dans la fiction, du motif du faux tableau, toile fictive mais que le narrateur prétend réelle pour mystifier les lecteurs. Enigmatique, le faux tableau devient, dans Un cabinet d'amateur (1979) de Georges Perec, La tabla de Flandes (1990) d'Arturo Pérez-Reverte, et Les Onze (2009) de Pierre Michon, le fondement d'une poétique ludique de l'enquête qui, sous couvert de percer le sens de l'oeuvre, propose une réponse littéraire aux débats autour de la légitimité des discours savants sur la peinture et des rapports entre art et fiction.
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EAN
9782252039991
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