Reprises et transmission : autour du travail de Daniel Mesguich
Calle-Gruber Mireille - Declercq Gilles - Spriet S
SORBONNE PSN
Un créateur au miroir
À regarder la photographie de Daniel Mesguich par Jean-Michel Guillaud, on serait tenté de proposer à Pierre Michon d'ajouter un chapitre à ses portraits d'écrivains et de créateurs dans Corps du roi. Par la topique savamment calculée d'une pose et d'un cadre insérant l'artiste et le penseur dans une peinture de vanités, l'image transpose d'emblée la méditation sur l'éternel éphémère qui n'a jamais cessé d'animer le travail de Daniel Mesguich. Ainsi peut-on y discerner deux objets iconiques de sa réflexion et de sa création: le livre et le miroir; le livre renvoyant à l'herméneutique, le miroir à la réflexivité - deux notions à leur tour subsumées par un concept philosophique et rhétorique - la métaphore - à partir de laquelle toute l'oeuvre s'ordonne et rayonne. Sans oublier de noter, en bas du tableau, le crâne qui fait signe vers la scène des morts, vers la tombe auprès de laquelle Hamlet médite sur les fantômes qui hantent les vivants.
Avant même sa sortie du Conservatoire national supérieur d'art dramatique où il entre en 1970, Daniel Mesguich inaugure une carrière d'acteur et de metteur en scène dont l'intensité, l'inventivité et le rayonnement font de lui une figure majeure de la création théâtrale en France et au-delà. Élève de Pierre Débauche et d'Antoine Vitez, il n'a cessé de rendre hommage à ces deux maîtres, en plaçant au coeur du travail théâtral l'activité de transmission qui l'a conduit à devenir le plus jeune professeur du Conservatoire national dont il assume un second mandat de direction. À l'homme de théâtre, il faut encore adjoindre les activités de traducteur, d'essayiste, d'auteur, d'acteur de cinéma et metteur en scène d'opéras. Le portrait ne serait pas complet sans mentionner l'activité essentielle de directeur de troupe et de théâtre: Théâtre Gérard Philipe de Saint-Denis (1986-1988), Théâtre de la (La Métaphore) à Lille (1991-1998) ni rappeler les mises en scène effectuées sur les grandes scènes nationales: Comédie-Française, Festival d'Avignon, Théâtre de Chaillot. Au titre du rayonnement international enfin, outre des créations théâtrales et opératiques (Bruxelles, Prague, Moscou, Budapest, Leipzig, Séoul, Brazzaville, Bologne, Pékin...), il faut encore mentionner l'organisation de master classes, la tenue de conférences et la participation à des colloques, notamment aux États-Unis et au Canada.
Auteur de plus d'une centaine de mises en scène de théâtre et d'opéras, Daniel Mesguich s'impose peut-être d'abord par un style dont les traits spécifiques et la récurrence au fil de l'oeuvre constituent une véritable signature: bibliothèques, livres empilés ou s'enflammant, valises, miroirs, colonnes et statues mouvantes; personnages muets traversant la scène ou la hantant (fantômes), dédoublement des personnages (spectres); sur-accentuation des gestes, des postures et déplacements, concrétisation et déconstruction du quatrième mur et de l'espace théâtral. Ces signes dotent l'exploration d'oeuvres très diverses d'une singulière cohérence dont le fondement est à chercher en amont du plateau dans une réflexion continuée sur la théâtralité et la métathéâtralité, en dialogue avec la philosophie. Sous cet angle, le travail de Daniel Mesguich a bénéficié de l'observation critique et empathique de Jacques Derrida, auteur de la Postface de L'éternel éphémère, et spectateur assidu des créations présentées au Théâtre de (La Métaphore). Aussi le montage visible sur le plateau est-il le produit d'une déconstruction préalable du texte et de la langue, l'un et l'autre soumis à une herméneutique aussi serrée que ludique. La glose philologique vient ainsi éclairer une notion centrale du plateau mesguichien:
Nous sommes partis du mot français [...] spectre, qui, étymologiquement, est de la même famille que spectacle. Or c'est du spectacle que nous faisons, autrement dit, tous les acteurs sont spectres. Le spectacle, c'est du spectre.
À regarder la photographie de Daniel Mesguich par Jean-Michel Guillaud, on serait tenté de proposer à Pierre Michon d'ajouter un chapitre à ses portraits d'écrivains et de créateurs dans Corps du roi. Par la topique savamment calculée d'une pose et d'un cadre insérant l'artiste et le penseur dans une peinture de vanités, l'image transpose d'emblée la méditation sur l'éternel éphémère qui n'a jamais cessé d'animer le travail de Daniel Mesguich. Ainsi peut-on y discerner deux objets iconiques de sa réflexion et de sa création: le livre et le miroir; le livre renvoyant à l'herméneutique, le miroir à la réflexivité - deux notions à leur tour subsumées par un concept philosophique et rhétorique - la métaphore - à partir de laquelle toute l'oeuvre s'ordonne et rayonne. Sans oublier de noter, en bas du tableau, le crâne qui fait signe vers la scène des morts, vers la tombe auprès de laquelle Hamlet médite sur les fantômes qui hantent les vivants.
Avant même sa sortie du Conservatoire national supérieur d'art dramatique où il entre en 1970, Daniel Mesguich inaugure une carrière d'acteur et de metteur en scène dont l'intensité, l'inventivité et le rayonnement font de lui une figure majeure de la création théâtrale en France et au-delà. Élève de Pierre Débauche et d'Antoine Vitez, il n'a cessé de rendre hommage à ces deux maîtres, en plaçant au coeur du travail théâtral l'activité de transmission qui l'a conduit à devenir le plus jeune professeur du Conservatoire national dont il assume un second mandat de direction. À l'homme de théâtre, il faut encore adjoindre les activités de traducteur, d'essayiste, d'auteur, d'acteur de cinéma et metteur en scène d'opéras. Le portrait ne serait pas complet sans mentionner l'activité essentielle de directeur de troupe et de théâtre: Théâtre Gérard Philipe de Saint-Denis (1986-1988), Théâtre de la (La Métaphore) à Lille (1991-1998) ni rappeler les mises en scène effectuées sur les grandes scènes nationales: Comédie-Française, Festival d'Avignon, Théâtre de Chaillot. Au titre du rayonnement international enfin, outre des créations théâtrales et opératiques (Bruxelles, Prague, Moscou, Budapest, Leipzig, Séoul, Brazzaville, Bologne, Pékin...), il faut encore mentionner l'organisation de master classes, la tenue de conférences et la participation à des colloques, notamment aux États-Unis et au Canada.
Auteur de plus d'une centaine de mises en scène de théâtre et d'opéras, Daniel Mesguich s'impose peut-être d'abord par un style dont les traits spécifiques et la récurrence au fil de l'oeuvre constituent une véritable signature: bibliothèques, livres empilés ou s'enflammant, valises, miroirs, colonnes et statues mouvantes; personnages muets traversant la scène ou la hantant (fantômes), dédoublement des personnages (spectres); sur-accentuation des gestes, des postures et déplacements, concrétisation et déconstruction du quatrième mur et de l'espace théâtral. Ces signes dotent l'exploration d'oeuvres très diverses d'une singulière cohérence dont le fondement est à chercher en amont du plateau dans une réflexion continuée sur la théâtralité et la métathéâtralité, en dialogue avec la philosophie. Sous cet angle, le travail de Daniel Mesguich a bénéficié de l'observation critique et empathique de Jacques Derrida, auteur de la Postface de L'éternel éphémère, et spectateur assidu des créations présentées au Théâtre de (La Métaphore). Aussi le montage visible sur le plateau est-il le produit d'une déconstruction préalable du texte et de la langue, l'un et l'autre soumis à une herméneutique aussi serrée que ludique. La glose philologique vient ainsi éclairer une notion centrale du plateau mesguichien:
Nous sommes partis du mot français [...] spectre, qui, étymologiquement, est de la même famille que spectacle. Or c'est du spectacle que nous faisons, autrement dit, tous les acteurs sont spectres. Le spectacle, c'est du spectre.
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EAN
9782878545692
Caractéristiques
EAN | 9782878545692 |
---|---|
Titre | Reprises et transmission : autour du travail de Daniel Mesguich |
Auteur | Calle-Gruber Mireille - Declercq Gilles - Spriet S |
Editeur | SORBONNE PSN |
Largeur | 160mm |
Poids | 645gr |
Date de parution | 09/11/2012 |
Nombre de pages | 318 |
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