VIII
Je dors profondément quand soudain deux énormes mains se referment sur moi. Elles me tirent de mon lit. Impossible de résister. Je ne comprends rien à ce qui m'arrive. Un inconnu m'emporte. Me maintient contre son torse. Boum boum boum.
C'est un soldat. Un soldat qui empeste la bière, l'écurie et la sueur. Pourquoi un soldat voudrait-il m'enlever? Serait-ce un rebelle? Un de ces paysans pouilleux, venus du fin fond de la Cornouailles, avec leurs couteaux de boucher et leurs fourches?
- Lâchez-moi, lâchez... hurlé-je.
L'homme me plaque son gant puant sur la bouche.
- Hé là, messire! Ne vous débattez pas comme ça. Vous n'avez rien à craindre.
Il ment, évidemment. Je sais bien que je vais mourir.
Je suis le fils du roi. C'est pour ça que les rebelles sont venus me prendre. Ils veulent nous tuer, moi, mon père et mon frère, et mettre un nouveau souverain sur le trône.
- De quel droit?! m'écrié-je, ma voix assourdie par ses doigts.
- Ordres de votre mère, messire.
- Menteur!
- Je ne mens pas. Maintenant, faut vous calmer... Aïe! Petite saloperie! Excusez mon langage, messire, mais vous avez les dents pointues!
Dans la bataille, j'ai réussi à dégager ma tête de la couverture dans laquelle je suis entortillé. Le soldat me porte en travers de son corps, un bras passé autour de ma taille, l'autre soutenant mes épaules. Il se dirige vers l'extérieur du palais, me bâillonnant plus fermement encore de sa grosse main sale. Je rue de tous les côtés mais mes pieds ne rencontrent que des tapisseries ou, pour ma douleur, des murs, des portes et des piliers. Quand je cesse momentanément de lutter, j'arrive à voir où nous allons. Je suis à Coldharbour, demeure de ma grand-mère à Londres, et nous descendons l'escalier d'honneur. Il fait sombre, mais l'imposante fenêtre diffuse à l'intérieur une lumière bleutée. L'aube doit être proche. En bas des marches, j'aperçois la lueur d'une torche qui se déverse dans l'encadrement de la porte menant à la grande pièce, éclipsée par les silhouettes noires qui traversent le seuil. Des serviteurs, ou bien d'autres soldats venus m'assassiner? Je ne saurais le dire. Où sont ma grand-mère et ma mère? Les a-ton enlevées elles aussi?
- On y est presque, dit mon ravisseur en empruntant le corridor qui débouche sur l'arrière de la demeure. Messire, dans un instant nous serons dehors: il faut absolument que vous vous teniez tranquille.
J'en profite pour prendre une profonde inspiration par le nez, remplissant mes poumons autant que la panique me le permet. Quand le soldat s'élance dans l'air frais de la cour, je crie aussi fort que je peux à travers sa main:
- À l'aide! À l'aide! Aidez-moi!
C'est un soldat. Un soldat qui empeste la bière, l'écurie et la sueur. Pourquoi un soldat voudrait-il m'enlever? Serait-ce un rebelle? Un de ces paysans pouilleux, venus du fin fond de la Cornouailles, avec leurs couteaux de boucher et leurs fourches?
- Lâchez-moi, lâchez... hurlé-je.
L'homme me plaque son gant puant sur la bouche.
- Hé là, messire! Ne vous débattez pas comme ça. Vous n'avez rien à craindre.
Il ment, évidemment. Je sais bien que je vais mourir.
Je suis le fils du roi. C'est pour ça que les rebelles sont venus me prendre. Ils veulent nous tuer, moi, mon père et mon frère, et mettre un nouveau souverain sur le trône.
- De quel droit?! m'écrié-je, ma voix assourdie par ses doigts.
- Ordres de votre mère, messire.
- Menteur!
- Je ne mens pas. Maintenant, faut vous calmer... Aïe! Petite saloperie! Excusez mon langage, messire, mais vous avez les dents pointues!
Dans la bataille, j'ai réussi à dégager ma tête de la couverture dans laquelle je suis entortillé. Le soldat me porte en travers de son corps, un bras passé autour de ma taille, l'autre soutenant mes épaules. Il se dirige vers l'extérieur du palais, me bâillonnant plus fermement encore de sa grosse main sale. Je rue de tous les côtés mais mes pieds ne rencontrent que des tapisseries ou, pour ma douleur, des murs, des portes et des piliers. Quand je cesse momentanément de lutter, j'arrive à voir où nous allons. Je suis à Coldharbour, demeure de ma grand-mère à Londres, et nous descendons l'escalier d'honneur. Il fait sombre, mais l'imposante fenêtre diffuse à l'intérieur une lumière bleutée. L'aube doit être proche. En bas des marches, j'aperçois la lueur d'une torche qui se déverse dans l'encadrement de la porte menant à la grande pièce, éclipsée par les silhouettes noires qui traversent le seuil. Des serviteurs, ou bien d'autres soldats venus m'assassiner? Je ne saurais le dire. Où sont ma grand-mère et ma mère? Les a-ton enlevées elles aussi?
- On y est presque, dit mon ravisseur en empruntant le corridor qui débouche sur l'arrière de la demeure. Messire, dans un instant nous serons dehors: il faut absolument que vous vous teniez tranquille.
J'en profite pour prendre une profonde inspiration par le nez, remplissant mes poumons autant que la panique me le permet. Quand le soldat s'élance dans l'air frais de la cour, je crie aussi fort que je peux à travers sa main:
- À l'aide! À l'aide! Aidez-moi!
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EAN
9782822401890
Caractéristiques
EAN | 9782822401890 |
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Titre | VIII |
Auteur | Castor Harriet - Duhamel Victoria |
Editeur | TOUCAN |
Largeur | 155mm |
Poids | 532gr |
Date de parution | 22/05/2013 |
Nombre de pages | 417 |
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