L'homme neuronal
Le cerveau est une mécanique complexe.
Les différentes structures élémentaires du cerveau peuvent être analysées comme serait démontée une machine. Cependant, il ne peut pas être comparé à un ordinateur tant son organisation intime ainsi que ses modalités de fonctionnement sont complexes. En outre, il est capable de s'auto-organiser et de s'auto-programmer !
Toute activité mentale nécessite un substrat organique.
Pour le neurobiologiste, la pensée est le résultat d'interactions entre neurones où l'influx nerveux emprunte un chemin qui serait idéalement objectivable. Mais les connaissances scientifiques visant à argumenter cette thèse sont encore fragmentaires.
Le cerveau s'adapte à son environnement.
L'enfant a la capacité d'inscrire à l'intérieur même de ses réseaux neuronaux, les acquis conceptuels de son milieu social. Ceci signifie que les gènes ne sont pas les seuls à modeler le cerveau, mais signifie aussi que le cerveau ainsi constitué conditionne notre représentation du monde. -- Idées clés, par Business Digest
«Les hommes jugent les choses suivant la disposition de leur cerveau». Jean-Pierre Changeux, en exergue de sa conclusion, rappelle ce propos de Spinoza, ajoutant non sans humour : «Tout ouvrage de réflexion sur le cerveau se trouve indéniablement limité à la fois par la «disposition» du cerveau de celui qui l'écrit et par l'état des connaissances au moment où il l'écrit».
À cette «disposition» du cerveau ce livre est consacré, en vue, nous dit l'auteur, de transmettre à un public non spécialisé l'état de la science. Mais le projet est plus ambitieux. Jean-Pierre Changeux ne se contente pas de présenter ou de commenter des expériences ou des découvertes. Il cherche à apporter une réponse à la question qui traverse de bout en bout son ouvrage. Existe-t-il un lien entre le cerveau-matière, objet d'exploration de la science, et les états de conscience ? Et, si tel est le cas, quel serait la nature de ce lien ?
Au fil des pages la réponse proposée se dessine. Que nous apprend la recherche expérimentale et l'exploration du cerveau ? Que la conscience aurait un support matériel. Elle en serait même issue. Mais alors, comment comprendre les étonnantes possibilités du cerveau humain et la forme immatérielle de notre conscience ? Pour l'auteur, les extraordinaires possibilités combinatoires «liées au nombre et à la diversité des connexions du cerveau de l'homme paraissent suffisantes pour expliquer les capacités humaines».
Cette thèse est-elle tout à fait convaincante ? L'homme de science ne cache pas la dimension spéculative que prend parfois son propos. Il est aussi conscient des nombreux sauts qualitatifs proposés et accepte d'avance le reproche de passer, par simple analogie, du système nerveux de la mouche drosophile ou du rat, à celui de l'homme. Il reconnaît tout cela avec une grande humilité qui n'enlève rien, ni à la force de sa conviction, ni à l'intérêt de ses propositions.
Mais, une autre objection se présente, empruntée au projet lui-même. Chercher à percer les secrets du cerveau est, en même temps, faire acte de conscience. L'auteur ne cesse de le montrer, racontant l'histoire des représentations, des modèles, des idées que, au cours des siècles, nous nous sommes faits de notre cerveau. Cependant, le cerveau dépasse les modèles qui voudraient l'enfermer. L'expérience se dérobe et la théorie cherche à la remplacer. Pour s'approcher de l'origine de la conscience, décrire le cerveau conduit à l'imaginer.
Cette origine se laissera-t-elle un jour entièrement dévoiler ? On peut en douter... Comment passer, en effet, des mécanismes physiques, biologiques, des réactions chimiques, physiologiques, etc., du cerveau-matière à cette réalité insaisissable : la conscience ? Peut-on le faire en paraissant oublier que chaque approche scientifique n'est elle-même que l'expression de cette conscience ? C'est pourquoi, je voudrais accorder quelque crédit au neurologue John C. Eccles, Prix Nobel de Médecine, lorsqu'il écrit : «Je maintiens que le mystère de l'homme est incroyablement diminué (à tort) par le réductionnisme scientifique et sa prétention matérialiste à rendre compte du monde de l'esprit en termes de simple activité neuronale.»
Pour un homme d'entreprise, quel intérêt à lire ou à relire aujourd'hui «l'Homme Neuronal» ? On s'imagine parfois que l'entreprise, fruit de l'organisation humaine et composée d'hommes, pourrait fonctionner comme une machine. J.P. Changeux nous en fera perdre l'illusion. La complexité de notre cerveau et de son fonctionnement, l'énigme maintenue de la production de la conscience nous mettent en garde. Le cerveau est à ce point symbolique de notre espèce humaine que nous nous définissons comme «Homo sapiens». Et nos sociétés comme nos entreprises sont marquées de ce sceau.
Mieux comprendre la complexe organisation de notre cerveau pour découvrir sa richesse peut nous aider à mieux redécouvrir les ressources de notre conscience. Elles prendront, par exemple le nom de valeurs, les nôtres propres comme celles de nos institutions. Car, «Si les hommes jugent des choses selon la disposition de leur cerveau», ils agissent selon leurs systèmes de valeurs. Et il est difficile de penser que ces valeurs relèveraient seulement de la structure neuronale, même si, à l'inverse, conscience et cerveau doivent rester indissolublement liés. -- Business Digest
Les différentes structures élémentaires du cerveau peuvent être analysées comme serait démontée une machine. Cependant, il ne peut pas être comparé à un ordinateur tant son organisation intime ainsi que ses modalités de fonctionnement sont complexes. En outre, il est capable de s'auto-organiser et de s'auto-programmer !
Toute activité mentale nécessite un substrat organique.
Pour le neurobiologiste, la pensée est le résultat d'interactions entre neurones où l'influx nerveux emprunte un chemin qui serait idéalement objectivable. Mais les connaissances scientifiques visant à argumenter cette thèse sont encore fragmentaires.
Le cerveau s'adapte à son environnement.
L'enfant a la capacité d'inscrire à l'intérieur même de ses réseaux neuronaux, les acquis conceptuels de son milieu social. Ceci signifie que les gènes ne sont pas les seuls à modeler le cerveau, mais signifie aussi que le cerveau ainsi constitué conditionne notre représentation du monde. -- Idées clés, par Business Digest
«Les hommes jugent les choses suivant la disposition de leur cerveau». Jean-Pierre Changeux, en exergue de sa conclusion, rappelle ce propos de Spinoza, ajoutant non sans humour : «Tout ouvrage de réflexion sur le cerveau se trouve indéniablement limité à la fois par la «disposition» du cerveau de celui qui l'écrit et par l'état des connaissances au moment où il l'écrit».
À cette «disposition» du cerveau ce livre est consacré, en vue, nous dit l'auteur, de transmettre à un public non spécialisé l'état de la science. Mais le projet est plus ambitieux. Jean-Pierre Changeux ne se contente pas de présenter ou de commenter des expériences ou des découvertes. Il cherche à apporter une réponse à la question qui traverse de bout en bout son ouvrage. Existe-t-il un lien entre le cerveau-matière, objet d'exploration de la science, et les états de conscience ? Et, si tel est le cas, quel serait la nature de ce lien ?
Au fil des pages la réponse proposée se dessine. Que nous apprend la recherche expérimentale et l'exploration du cerveau ? Que la conscience aurait un support matériel. Elle en serait même issue. Mais alors, comment comprendre les étonnantes possibilités du cerveau humain et la forme immatérielle de notre conscience ? Pour l'auteur, les extraordinaires possibilités combinatoires «liées au nombre et à la diversité des connexions du cerveau de l'homme paraissent suffisantes pour expliquer les capacités humaines».
Cette thèse est-elle tout à fait convaincante ? L'homme de science ne cache pas la dimension spéculative que prend parfois son propos. Il est aussi conscient des nombreux sauts qualitatifs proposés et accepte d'avance le reproche de passer, par simple analogie, du système nerveux de la mouche drosophile ou du rat, à celui de l'homme. Il reconnaît tout cela avec une grande humilité qui n'enlève rien, ni à la force de sa conviction, ni à l'intérêt de ses propositions.
Mais, une autre objection se présente, empruntée au projet lui-même. Chercher à percer les secrets du cerveau est, en même temps, faire acte de conscience. L'auteur ne cesse de le montrer, racontant l'histoire des représentations, des modèles, des idées que, au cours des siècles, nous nous sommes faits de notre cerveau. Cependant, le cerveau dépasse les modèles qui voudraient l'enfermer. L'expérience se dérobe et la théorie cherche à la remplacer. Pour s'approcher de l'origine de la conscience, décrire le cerveau conduit à l'imaginer.
Cette origine se laissera-t-elle un jour entièrement dévoiler ? On peut en douter... Comment passer, en effet, des mécanismes physiques, biologiques, des réactions chimiques, physiologiques, etc., du cerveau-matière à cette réalité insaisissable : la conscience ? Peut-on le faire en paraissant oublier que chaque approche scientifique n'est elle-même que l'expression de cette conscience ? C'est pourquoi, je voudrais accorder quelque crédit au neurologue John C. Eccles, Prix Nobel de Médecine, lorsqu'il écrit : «Je maintiens que le mystère de l'homme est incroyablement diminué (à tort) par le réductionnisme scientifique et sa prétention matérialiste à rendre compte du monde de l'esprit en termes de simple activité neuronale.»
Pour un homme d'entreprise, quel intérêt à lire ou à relire aujourd'hui «l'Homme Neuronal» ? On s'imagine parfois que l'entreprise, fruit de l'organisation humaine et composée d'hommes, pourrait fonctionner comme une machine. J.P. Changeux nous en fera perdre l'illusion. La complexité de notre cerveau et de son fonctionnement, l'énigme maintenue de la production de la conscience nous mettent en garde. Le cerveau est à ce point symbolique de notre espèce humaine que nous nous définissons comme «Homo sapiens». Et nos sociétés comme nos entreprises sont marquées de ce sceau.
Mieux comprendre la complexe organisation de notre cerveau pour découvrir sa richesse peut nous aider à mieux redécouvrir les ressources de notre conscience. Elles prendront, par exemple le nom de valeurs, les nôtres propres comme celles de nos institutions. Car, «Si les hommes jugent des choses selon la disposition de leur cerveau», ils agissent selon leurs systèmes de valeurs. Et il est difficile de penser que ces valeurs relèveraient seulement de la structure neuronale, même si, à l'inverse, conscience et cerveau doivent rester indissolublement liés. -- Business Digest
40,40 €
Disponible sur commande
EAN
9782213012476
Caractéristiques
EAN | 9782213012476 |
---|---|
Titre | L'homme neuronal |
Auteur | Changeux Jean-Pierre |
Editeur | FAYARD |
Largeur | 153mm |
Poids | 584gr |
Date de parution | 23/02/1983 |
Nombre de pages | 420 |
Emprunter ce livre | Vente uniquement |