Pierre Vilar : Une histoire totale, une histoire en construction

Connue et reconnue à l'étranger (en particulier en Espagne et en Amérique latine), l'oeuvre de Pierre Vilar commence progressivement à ressortir de l'oubli. A l'instar des fondateurs des Annales, Pierre Vilar a souhaité que les études historiques ne soient pas seulement un outil de compréhension du passé mais qu'elles permettent également de mieux connaître le présent, tout en évitant les pièges de l'anachronisme. Pierre Vilar est d'abord connu pour les originalités de sa position d'historien. Ses principales facettes sont : en premier lieu, son actualité effective et celle du marxisme qu'il a prôné ; en second lieu, ses deux préoccupations méthodologiques majeures, à savoir : la nécessité de l'analyse historique et celle de l'approche des structures des sociétés étudiées ; c'est-à-dire, les deux éléments de l'histoire totale qu'il a voulu défendre et pratiquer ; en troisième lieu, sa façon de faire (et d'encourager) le travail concret, sur le terrain de la recherche, dans la critique des sources et grâce à la multiplication des approches ; et quatrième lieu, ses tentatives de dialogue (et d'échange critique, avec clarté et sans concession méthodologique) avec l'ensemble des sciences sociales et leurs pratiquants. Finalement, sa vocation de transmettre le savoir et d'apprendre à penser historiquement, en tant que pédagogie citoyenne ; car, précisait-il, la réflexion historique n'est pas l'apanage des seuls historiens et elle peut (et devrait) être aussi pratiquée quotidiennement par les citoyens.