SESSAD, une institution nomade. Eduquer et soigner à domicile

Roman Pascal - Rossello Jean-Jacques - Misès Roger

ERES

Extrait de la préface de Roger Misésv Professeur émérite de pédopsychiatrie à l'université Paris-Sud, membre de la SPP.LES COMPOSANTES DYNAMIQUES DANS LES INTERVENTIONS EN SESSAD/ITEPLorsqu'on s'interroge sur les composantes dynamiques qui sont en jeu lors des interventions menées par les équipes de SESSAD, les premières questions portent sur la nature des faits cliniques qui caractérisent les enfants et les adolescents suivis.Sur ce terrain, les textes réglementaires relatifs aux ITEP font bien ressortir la sévérité, la complexité, l'évolutivité des troubles considérés. Toutefois, me semblent exclues les pathologies majeures, par exemple l'autisme, les psychoses précoces, les schizophrénies de l'enfance ou de l'adolescence; de même, les formes incluant des déficiences déjà notablement fixées se situent aux frontières du domaine considéré, en particulier lorsqu'on discute du recours aux SESSAD: dès lors, les pathologies limites (Misés, 1990) occupent assurément la place centrale parmi les indications.On reviendra sur les aspects psychopathologiques qui caractérisent ces organisations limites mais, auparavant, je crois utile d'avancer quelques remarques sur l'étiopathogénie. En effet, si les conditions sociofamiliales faites à l'enfant dans le cours de son histoire exercent une influence incontestable, ces composantes doivent être resituées dans les interrelations qu'elles prennent avec d'autres paramètres, notamment d'ordre neurobiologique, qui participent nécessairement à l'organisation de la vie mentale. Par conséquent, plutôt que d'opposer organogénèse, psychogénèse, sociogénèse, le clinicien est appelé à prendre en considération ces multiples composantes et il s'appuiera sur les différents modèles théoriques dont nous disposons aujourd'hui: leur confrontation permet de porter des éclairages complémentaires sur la problématique de l'enfant. Je précise que dans le cadre d'une approche multidimensionnelle de cet ordre, la prise en compte des données issues des neurosciences ou des sciences cognitives ne fait nullement obstacle à l'orientation psychodynamique que les équipes de SESSAD sont appelées à soutenir.Ces perspectives, on le voit, sont très éloignées de celles proposées par la récente expertise de I'INSERM sur le trouble des conduites, où le clinicien est invité à se centrer sur les comportements objectivables qui sont considérés en rapport direct avec les dysfonctionnements du système nerveux, eux-mêmes liés à une héritabilité génétique dominante. Sous ces perspectives, l'étude des conditions psychosociales offre encore un certain intérêt, mais uniquement en tant que facteur favorisant qui donne l'occasion de s'exprimer à des troubles déterminés génétiquement; or, pour la grande majorité des praticiens français, les conditions faites à l'enfant par sa famille et par la société, loin de tenir seulement ce rôle contingent, interviennent, au contraire, à part entière, dans la genèse des processus morbides et dans leur évolution. Cette conception s'accorde pleinement avec la mise en oeuvre des actions réintégratives et mutatives qui sont menées par les SESSAD, alors que l'expertise INSERM écarte ces orientations au profit de mesures à visée étroitement normative qui ne prennent en compte ni la subjectivité de l'enfant, ni la singularité de chaque cas.

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EAN
9782749213569
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