Matteo Ricci. Le sage venu de l'Occident

Cronin Vincent - Rochat de La Vallée Elisabeth - F

ALBIN MICHEL







Extrait



Extrait du prologue

L'empire scellé

L'Asie, comblée des prémices du soleil, participant au rite éternel de la création, à l'origine même de la lumière, et qui, parée des couleurs de l'Orient, surgissait dans sa resplendissante richesse, était tenue par les peuples d'Occident pour la plus parfaite, pour la plus merveilleuse contrée du monde, croyance que la chrétienté renforça encore lorsqu'elle sacra Terre sainte ses rives les plus proches.
Au Moyen Age, les cartes géographiques, cette alchimie de légende, de textes classiques et des Écritures, donnaient du monde l'image que l'homme s'en faisait et accordaient de droit à l'Asie la place d'honneur. La charpente de ces cartes qui unissaient l'Orient à l'Afrique du Nord et à l'Europe - le dessin hésitant des côtes asiatiques contrastant avec le ferme tracé des autres continents prouvait un certain savoir - était formée par les quatre fleuves du Paradis que l'on croyait être l'Indus, le Nil, le Tigre et l'Euphrate et dont on expliquait l'éloignement respectif par un cours parfois souterrain. A l'est du Nil se trouvait la Palestine, seule région de l'Asie familière aux chrétiens. Les pèlerins s'y rendaient pour adorer le Saint-Sépulcre et la Croix retrouvée et s'émerveillaient devant les ermites qui, juchés sur des piliers ou retirés dans des grottes, choisissaient pour arriver à la sainteté les modes orientaux les plus extravagants. Au cours des derniers siècles, le bâton du pèlerin avait fait place à la lance du croisé revêtu de la cotte de mailles. On situait au sud-ouest de la mer Noire et de la Caspienne, mais ceci avec moins de certitude, le pays d'où les prêtres de Zoroastre, versés en astrologie, avaient apporté à Bethléem l'or, l'encens et la myrrhe - hommage biblique tant à la sagesse de l'Asie qu'à ses richesses. Plus à l'est se trouvait la Bactriane, conquise par Alexandre et les montagnes dont la cime effleurait le ciel. Au-delà, là où jamais un Européen ne s'était aventuré, s'étendait la lointaine Asie, représentée sur les cartes par des blocs de marbre brut. Là, le géographe se faisait poète et prophète. Il y situait avec précision le commencement et la fin des Temps : le Jardin d'Éden, ceint d'un mur flamboyant et le lieu où le Christ réapparaîtrait et vers lequel les cartes, comme toutes les églises d'Europe, étaient orientées.



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EAN
9782226207432
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