L ILE DES CONDAMNES

DAGERMAN STIG

AGONE

Après le naufrage d'un navire, sept survivants échouent sur une île uniquement peuplée de lézards et d'oiseaux. Malgré les apparentes similitudes avec le mythe de Defoe, il ne sera pas question ici de robinsonades et personne ne luttera pour sa survie. Le propos de Dagerman ne se situe pas dans ce champ-là et d'ailleurs dès le départ, l'issue fatale ne fait aucun doute : la réserve d'eau est vidée intentionnellement par l'un des naufragés et à aucun moment ces derniers ne s'organisent pour tenter de trouver de la nourriture.
Le thème central de mon oeuvre est l'angoisse de l'homme moderne face à une conception du monde qui s'écroule (...) et je crois qu'une des possibilités de salut consiste à ne pas se laisser vaincre par son angoisse, ni à fuir devant soi-même, mais à affronter le danger les yeux ouverts écrit Dagerman en 1949, soit trois ans après la parution de L'île des condamnés. Et c'est effectivement l'axe autour duquel s'enroule le récit. Les cinq hommes et les deux femmes qui ont survécu au naufrage se retrouvent contraints d'affronter leur peur, leur angoisse et leur culpabilité «les yeux ouverts».
Lorsqu'ils se retrouvent sur l'île, par une mécanique bien rodée chacun tente d'abord de reprendre le rôle qu'il jouait «avant». Mais la mort imprimant sa marque chaque jour un peu plus profondément, les oripeaux des conventions sociales se désagrègent vite. Tous réagissent alors de manière exacerbée et la blessure que chacun cache au fond de lui va peu à peu émerger au travers d'actes - démence, suicide, meurtre... - d'une violence irréversible. Actes dont seul le lecteur aura la clé car personne ne se rapprochera ni ne trouvera de réconfort auprès de ses compagnons d'infortune. S'ils sont condamnés, c'est aussi à prendre toute la mesure de la solitude inhérente à la condition humaine et Dagerman le souligne dans la construction même du livre. En effet, le récit se construit sur une succession de chapitres qui dressent le portrait de tous les survivants mais qui les isolent en même temps de tous les autres. Au fur et à mesure, le sens de chaque geste et de chaque parole s'éclaircit tandis que l'étau se resserre sur le groupe.
Le huis-clos de L'île des condamnés agit comme une force centrifuge. Entraînés dans un tourbillon, les condamnés prennent peu à peu conscience de leur identité mais trop tard. La fuite n'est pas possible et ne le sera jamais plus. --Isabelle Yaouanc--

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EAN
9782748901108
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