Ethnologie française N° 3, Juillet 2008 : Corse. Tous terrains

" La plus proche des îles lointaines " demeure, ethnologiquement, la plus lointaine des îles proches. Serait-elle marquée de la double empreinte de sa proximité et de son éloignement par rapport au continent, à la France ? La Corse n'est pas un terrain ethnologique nouveau. Le monde agropastoral, le politique, le légendaire, les pratiques magiques formes structurantes de l'identité - ont été longuement étudiés. Mais, face à la persistance de l'image d'une société ancestrale et rurale - caractérisée par ses aspects les plus " exotiques ", il manquait une vision plus contemporaine de l'île. Cette livraison d'Ethnologie française propose une réflexion sur la transformation des aspects les plus traditionnels de l'île et sur ses facettes plus modernes. Les questions de la langue et de l'identité, du politique, de la situation de l'île au sein de la Méditerranée y sont longuement abordées. La continuelle invention de ses identités par la Corse - à travers la restitution des savoir-faire, de la patrimonialisation, la transformation des territoires, la valorisation environnementale, la reprise rémanente de figures d'origine - y est appréhendée par de multiples regards, intérieurs et extérieurs. Le riacquistu, ce mouvement de revival des années 1970/1980, y sert de trait d'union entre l'île d'hier et celle d'aujourd'hui et ouvre une interrogation sur son devenir. Mais la Corse est-elle seulement un objet anthropologique ? Cette île dont, au matin, les montagnes bleues jaillissent de la mer et dont, le soir, les senteurs du maquis se diluent dans les vagues, serait-elle décidément trop belle pour être pensée ?