Tradeuse
Duffy Erin - Barbe-Girault Patricia
TOUCAN
Extrait du prologue
La cour de récré géante
Je suis trop vieille pour ça.
Clic.
Il est 6 heures du matin, le radio-réveil s'allume et Beyoncé se met à beugler dans les enceintes, achevant sans pitié le merveilleux silence du petit matin et venant brutalement me rappeler que le week-end est fini. Le réveil du lundi est déjà assez dur comme ça, mais le réveil du lundi quand on a une sérieuse gueule de bois, de celles qui font souffrir jusqu'aux ongles des pieds, c'est quasiment mission impossible. À moitié dans le coma, je pars à la recherche de la télécommande en plongeant un bras sous la masse d'oreillers concentrée dans la zone en bois vert foncé de la tête de lit, dans l'idée de roupiller dix petites minutes (peut-être vingt) de plus. Dieu merci, ma main entre en contact avec l'objet quelque part dans le secteur nord-est du lit et je l'agite en direction de la table de nuit, suppliant à la chambre de se taire. Mais c'est beaucoup demander à un appartement de Manhattan - au second, qui plus est.
Il y a un tas de gens qui rêvent de se réveiller à New York. Sans déc', Sinatra a même écrit toute une chanson là-dessus. À moins bien sûr qu'on essaie vraiment de dormir, auquel cas New York est la ville où les fatigués de la vie et les gueules de bois se cachent pour mourir. Si vous êtes comme moi, et que vous ayez décidé de noyer la sacro-sainte angoisse du dimanche soir dans une bouteille et demie de pinot noir et un paquet de Parliament devant des rediffusions de New York, police judiciaire jusqu'à 1 heure du matin, cette même ville au réveil cinq heures plus tard est incontestablement, irréfutablement, l'enfer sur terre. J'aurais probablement dû me douter (quand j'ai loué la boîte à chaussures qu'est mon appart dans le West Village pour la modique somme de 4 000 dollars par mois) qu'une fenêtre de chambre donnant sur Greenwich Avenue avec vue imprenable sur une caserne de pompiers ne présageait rien de bon pour mon sommeil paradoxal. Depuis que j'ai emménagé ici, la grasse matinée (voire le sommeil en général) est un concept qui m'est à peu près étranger.
Au moment où je commence à m'assoupir, la maudite radio se rallume. Cette fois-ci c'est l'animateur qui annonce l'heure, les conditions de circulation, puis le temps, tout ça d'une voix guillerette particulièrement énervante.
- Allez hop, on s'active. Une nouvelle journée commence dans la chaleur moite de la Grosse Pomme.
Clairement, l'animateur n'avait pas géré le blues du dimanche soir de la même manière que moi. Ou peut-être qu'il aimait son job tout simplement, et qu'il ne voyait pas la nécessité de prendre une cuite ce soir-là. À ce qu'il paraît, il existe des chanceux à qui ça arrive vraiment.
Je me répète le mantra que je me suis concocté comme tous les matins avant d'aller chez Cromwell Pierce, l'une des boîtes les plus dynamiques de Wall Street. Tu peux le faire, Alex. Tu peux y arriver. Tu ne le laisseras pas te briser. Avant de travailler là, ça ne m'arrivait jamais de parler toute seule. À ce rythme, quand je fêterai mes trente ans je serai bonne pour l'asile.
La cour de récré géante
Je suis trop vieille pour ça.
Clic.
Il est 6 heures du matin, le radio-réveil s'allume et Beyoncé se met à beugler dans les enceintes, achevant sans pitié le merveilleux silence du petit matin et venant brutalement me rappeler que le week-end est fini. Le réveil du lundi est déjà assez dur comme ça, mais le réveil du lundi quand on a une sérieuse gueule de bois, de celles qui font souffrir jusqu'aux ongles des pieds, c'est quasiment mission impossible. À moitié dans le coma, je pars à la recherche de la télécommande en plongeant un bras sous la masse d'oreillers concentrée dans la zone en bois vert foncé de la tête de lit, dans l'idée de roupiller dix petites minutes (peut-être vingt) de plus. Dieu merci, ma main entre en contact avec l'objet quelque part dans le secteur nord-est du lit et je l'agite en direction de la table de nuit, suppliant à la chambre de se taire. Mais c'est beaucoup demander à un appartement de Manhattan - au second, qui plus est.
Il y a un tas de gens qui rêvent de se réveiller à New York. Sans déc', Sinatra a même écrit toute une chanson là-dessus. À moins bien sûr qu'on essaie vraiment de dormir, auquel cas New York est la ville où les fatigués de la vie et les gueules de bois se cachent pour mourir. Si vous êtes comme moi, et que vous ayez décidé de noyer la sacro-sainte angoisse du dimanche soir dans une bouteille et demie de pinot noir et un paquet de Parliament devant des rediffusions de New York, police judiciaire jusqu'à 1 heure du matin, cette même ville au réveil cinq heures plus tard est incontestablement, irréfutablement, l'enfer sur terre. J'aurais probablement dû me douter (quand j'ai loué la boîte à chaussures qu'est mon appart dans le West Village pour la modique somme de 4 000 dollars par mois) qu'une fenêtre de chambre donnant sur Greenwich Avenue avec vue imprenable sur une caserne de pompiers ne présageait rien de bon pour mon sommeil paradoxal. Depuis que j'ai emménagé ici, la grasse matinée (voire le sommeil en général) est un concept qui m'est à peu près étranger.
Au moment où je commence à m'assoupir, la maudite radio se rallume. Cette fois-ci c'est l'animateur qui annonce l'heure, les conditions de circulation, puis le temps, tout ça d'une voix guillerette particulièrement énervante.
- Allez hop, on s'active. Une nouvelle journée commence dans la chaleur moite de la Grosse Pomme.
Clairement, l'animateur n'avait pas géré le blues du dimanche soir de la même manière que moi. Ou peut-être qu'il aimait son job tout simplement, et qu'il ne voyait pas la nécessité de prendre une cuite ce soir-là. À ce qu'il paraît, il existe des chanceux à qui ça arrive vraiment.
Je me répète le mantra que je me suis concocté comme tous les matins avant d'aller chez Cromwell Pierce, l'une des boîtes les plus dynamiques de Wall Street. Tu peux le faire, Alex. Tu peux y arriver. Tu ne le laisseras pas te briser. Avant de travailler là, ça ne m'arrivait jamais de parler toute seule. À ce rythme, quand je fêterai mes trente ans je serai bonne pour l'asile.
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EAN
9782822401920
Caractéristiques
EAN | 9782822401920 |
---|---|
Titre | Tradeuse |
Auteur | Duffy Erin - Barbe-Girault Patricia |
Editeur | TOUCAN |
Largeur | 155mm |
Poids | 570gr |
Date de parution | 20/02/2013 |
Nombre de pages | 373 |
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