Quoi de neuf ? Du rôle des techniques dans l'histoire globale
Edgerton David - Jeanmougin Christian
SEUIL
Extrait de l'introduction
Nombre d'histoires des techniques s'adressent aux garçons de tous âges. L'histoire présentée dans ce livre s'adresse aux adultes de tous sexes. Nous vivons depuis longtemps entourés de techniques et, dans l'ensemble, nous savons très bien ce qu'elles sont. Des économistes aux écologistes, des archéologues aux historiens, les gens ont des visions différentes de notre environnement matériel et de ce qu'a été son évolution. Pourtant, les débats sur le passé, le présent et l'avenir des techniques sont trop souvent monopolisés par les promoteurs de nouvelles techniques.
Les discours dominants sur la technologie focalisent notre pensée sur la nouveauté et le futur. Depuis de nombreuses décennies, le mot «technique» est étroitement associé à invention (création d'une idée nouvelle) et à innovation (première utilisation d'une idée nouvelle). Le discours sur la technique est centré sur la recherche et développement, les brevets et les premières phases d'utilisation - on parle alors de diffusion. Les chronologies de l'histoire des techniques - et elles abondent - sont calées sur les dates d'invention et d'innovation. Elles se bornent souvent à réduire les techniques les plus significatives du XXe siècle à l'aviation (1903), à l'énergie nucléaire (1945), à la contraception (1955) et à Internet (1965). On nous dit que le changement est sans cesse plus rapide et que le pouvoir de la nouveauté s'impose de plus en plus. La technologie, affirment les gourous, fait aujourd'hui entrer le monde dans une ère historique nouvelle. Dans cette nouvelle économie, en ces temps nouveaux, dans notre contexte postindustriel et postmoderne, la connaissance du présent et du passé est paraît-il de plus en plus dénuée d'intérêt. Les inventeurs, même en cette époque postmoderne, sont «en avance sur leur temps», tandis que les sociétés, soumises à l'emprise du passé, seraient lentes à s'adapter aux techniques nouvelles.
Le monde est effectivement en train de changer radicalement mais cette vision des choses n'a rien de nouveau. Si la mise en avant du futur peut être un signe d'originalité, ce type de futurologie existe cependant depuis longtemps. Au XIXe siècle, l'idée que les inventeurs étaient en avance sur leur temps et que les sciences et les techniques progressaient trop vite pour les capacités d'assimilation de la société était un lieu commun. Au début du XXe siècle, cette idée acquit une respectabilité académique en recevant le nom de «décalage culturel». Dans les années 1950, et même plus tard, on put affirmer sans sourciller que les scientifiques «avaient le futur dans le sang». A la fin du XXe siècle, le futurisme appartenait depuis longtemps au passé. Le futur technologique était tel qu'il était depuis longtemps. Des intellectuels proclamèrent l'arrivée d'un nouveau type de futur, préfiguré par l'architecture «postmoderne». Pourtant, ce nouveau futur devait naître d'une révolution technique ou industrielle à l'ancienne, qui bien entendu changerait tout.
Dans le cas de la technologie, ce futurisme réchauffé conserva son attrait bien après avoir été déclaré obsolète. Le futur technologique poursuivit sa marche comme avant. Considérez par exemple le premier vol réussi de l'avion spatial X-43A de la NASA, le 27 mars 2004. S'il ne dura que dix secondes, il n'en fit pas moins les titres des journaux du monde entier. «De Kitty Hawk au X-43 A, écrivit un journal, ce fut un siècle de progrès permanent, [...] de 7 miles à l'heure à Mach 7, ces deux chiffres résument de manière saisissante l'évolution accomplie par le vol motorisé en l'espace d'une centaine d'années.» Une fois de plus, nous pourrions bientôt nous rendre quasi instantanément de Londres à Sydney.
Nombre d'histoires des techniques s'adressent aux garçons de tous âges. L'histoire présentée dans ce livre s'adresse aux adultes de tous sexes. Nous vivons depuis longtemps entourés de techniques et, dans l'ensemble, nous savons très bien ce qu'elles sont. Des économistes aux écologistes, des archéologues aux historiens, les gens ont des visions différentes de notre environnement matériel et de ce qu'a été son évolution. Pourtant, les débats sur le passé, le présent et l'avenir des techniques sont trop souvent monopolisés par les promoteurs de nouvelles techniques.
Les discours dominants sur la technologie focalisent notre pensée sur la nouveauté et le futur. Depuis de nombreuses décennies, le mot «technique» est étroitement associé à invention (création d'une idée nouvelle) et à innovation (première utilisation d'une idée nouvelle). Le discours sur la technique est centré sur la recherche et développement, les brevets et les premières phases d'utilisation - on parle alors de diffusion. Les chronologies de l'histoire des techniques - et elles abondent - sont calées sur les dates d'invention et d'innovation. Elles se bornent souvent à réduire les techniques les plus significatives du XXe siècle à l'aviation (1903), à l'énergie nucléaire (1945), à la contraception (1955) et à Internet (1965). On nous dit que le changement est sans cesse plus rapide et que le pouvoir de la nouveauté s'impose de plus en plus. La technologie, affirment les gourous, fait aujourd'hui entrer le monde dans une ère historique nouvelle. Dans cette nouvelle économie, en ces temps nouveaux, dans notre contexte postindustriel et postmoderne, la connaissance du présent et du passé est paraît-il de plus en plus dénuée d'intérêt. Les inventeurs, même en cette époque postmoderne, sont «en avance sur leur temps», tandis que les sociétés, soumises à l'emprise du passé, seraient lentes à s'adapter aux techniques nouvelles.
Le monde est effectivement en train de changer radicalement mais cette vision des choses n'a rien de nouveau. Si la mise en avant du futur peut être un signe d'originalité, ce type de futurologie existe cependant depuis longtemps. Au XIXe siècle, l'idée que les inventeurs étaient en avance sur leur temps et que les sciences et les techniques progressaient trop vite pour les capacités d'assimilation de la société était un lieu commun. Au début du XXe siècle, cette idée acquit une respectabilité académique en recevant le nom de «décalage culturel». Dans les années 1950, et même plus tard, on put affirmer sans sourciller que les scientifiques «avaient le futur dans le sang». A la fin du XXe siècle, le futurisme appartenait depuis longtemps au passé. Le futur technologique était tel qu'il était depuis longtemps. Des intellectuels proclamèrent l'arrivée d'un nouveau type de futur, préfiguré par l'architecture «postmoderne». Pourtant, ce nouveau futur devait naître d'une révolution technique ou industrielle à l'ancienne, qui bien entendu changerait tout.
Dans le cas de la technologie, ce futurisme réchauffé conserva son attrait bien après avoir été déclaré obsolète. Le futur technologique poursuivit sa marche comme avant. Considérez par exemple le premier vol réussi de l'avion spatial X-43A de la NASA, le 27 mars 2004. S'il ne dura que dix secondes, il n'en fit pas moins les titres des journaux du monde entier. «De Kitty Hawk au X-43 A, écrivit un journal, ce fut un siècle de progrès permanent, [...] de 7 miles à l'heure à Mach 7, ces deux chiffres résument de manière saisissante l'évolution accomplie par le vol motorisé en l'espace d'une centaine d'années.» Une fois de plus, nous pourrions bientôt nous rendre quasi instantanément de Londres à Sydney.
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EAN
9782021063677
Caractéristiques
EAN | 9782021063677 |
---|---|
Titre | Quoi de neuf ? Du rôle des techniques dans l'histoire globale |
ISBN | 2021063674 |
Auteur | Edgerton David - Jeanmougin Christian |
Editeur | SEUIL |
Largeur | 155mm |
Poids | 430gr |
Date de parution | 21/02/2013 |
Nombre de pages | 315 |
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