Quand la science a dit... c'est impossible !

Impossible?Nayla FaroukiLe mot, à lui seul, appelle une multitude de sentiments négatifs: la fatalité, le désespoir, au moins une certaine angoisse, comme celle que l'on éprouve face à quelqu'un de particulièrement obtus ou à une situation qui semble irréversible.Et pourtant, la notion d'impossibilité, appliquée aux sciences exactes, recèle d'infinis possibles - d'étonnement, de créativité, de réflexion - pour qui s'y intéresse. Elle exprime, certes, des limites; mais c'est aussi en niant ses limites qu'il devient possible de la dépasser. De la révolte au contournement, les moyens de surmonter un impossible sont innombrables.Tous les impossibles ne se valent pas. Certains expriment des évidences: il est impossible (par définition!) que les angles d'un triangle soient supérieurs à trois. D'autres viennent à l'appui d'une règle, dont la rationalité se mesure à l'aune de sa rigueur: dans la géométrie euclidienne, il est impossible que la somme des angles d'un triangle soit autre que 180°. D'autres encore surgissent d'une manière inattendue. Mais les impossibles n'existent pas seulement en mathématiques: ainsi, il est impossible de connaître, simultanément, la trajectoire et la position d'une particule.À chaque théorie scientifique ses caractéristiques: ses concepts, ses outils de méthode, ses principes fondateurs qui diffèrent de ceux d'une théorie voisine. À chaque théorie scientifique ses limites: ces dernières sont de natures différentes - méthodologique, épistémologique ou ontologique -; dans tous les cas, cependant, une limite s'exprime en termes d'impossibilité.Lorsqu'un scientifique affirme «C'est impossible!», avoue-t-il simplement son sentiment d'impuissance et d'ignorance? Ou bien nous adresse-t-il un véritable message philosophique?Ce message peut être ontologique: il peut concerner la valeur de réalité du monde qui nous entoure et nous inciter à nous interroger sur la nature de la réalité, et sur ce qu'elle aurait à nous dire.Mais il peut également être méthodologique et poser cette fois la question de la nature des outils de raisonnement, d'expérimentation ou d'observation que nous avons mis en oeuvre.Enfin, il peut être de nature épistémologique et nous obliger à nous plonger dans des abîmes de réflexion sur notre propre nature et, surtout, sur la nature de nos croyances et de nos attentes: quelles sont, pour nous, les limites de l'acceptable, du logique, du plausible?