Réalités et fictions de la musique religieuse à l'époque moderne

La musique religieuse à l'époque moderne doit être " expressive, simple, agréable " et son usage se voit soumis aux impératifs de convenance et de bienséance. Lorsqu'elle est abordée dans sa fonction liturgique, elle fait ainsi l'objet d'un discours apologétique ou normatif, qui rapporte toute réflexion esthétique à des fondements éthiques. Alors que les travaux récents sur le plain-chant ont su exploiter les livres liturgiques et cérémoniels, toute une littérature reste à découvrir ou à redécouvrir afin de mieux saisir dans sa complexité l'ample domaine de la musique religieuse. L'ouvrage convoque de multiples sources, qui sont autant de dispositifs discursifs demandant à être analysés et mis en perspective : singulièrement la presse, qui fait émerger une critique du goût, et les polémiques émaillant la période dessinent des espaces et des mises en scène, fixent des catégories morales et esthétiques, nourrissent des stratégies personnelles ou collectives dans la France des 17e et 18e siècles. Une ouverture européenne permet de penser plus largement cette articulation entre la réalité des pratiques musicales et les ambitions du pouvoir, lorsque l'autorité s'exerce au travers de textes prescriptifs. Loin de s'effacer simplement au fil d'une période marquée par une laïcisation grandissante, la vie musicale religieuse, que l'on perçoit au travers de représentations contrastées, parfois exacerbées, apparaît dans toute la richesse de ses usages.