Les intouchables
Premiers symptômes
À sept heures moins le quart, l'appartement est saturé d'informations contradictoires. Les radios-réveils, le transistor dans la cuisine et celui dans la salle de bains. Pas un réglé sur la même fréquence. Musique pour Lina, les infos pour mes parents (mais ils ont chacun leur station préférée), et pour moi... je change en fonction de mes humeurs. Une cacophonie dans laquelle nous grappillons quelques mots en passant de pièce en pièce, pressés, déjà en retard, comme tous les matins. En rien le plaisir avec lequel je m'endors chaque soir, après avoir réglé la minuterie, écoutant les voix des animateurs qui se brouillent peu à peu quand je sombre dans le sommeil.
Les phrases qui s'entremêlent ce matin parlent de ministres que je ne connais pas, de résultats de foot, d'une inondation en Asie et toujours du virus. Je ne me souviens plus depuis combien de temps l'épidémie fait les gros titres des journaux. Trois ou quatre semaines, peut-être... et il me semble que cela revient de plus en plus souvent. Non pas que nous soyons en danger: la maladie s'arrête aux portes de l'Europe, paraît-il, mais c'est sans cesse une litanie de mauvaises nouvelles, d'entreprises fermées, d'hôpitaux saturés, de couvre-feu en Amérique du Sud ou en Afrique.
J'habite à dix minutes du lycée, mais je pars toujours en avance, parce que j'aime les quelques minutes que nous passons ensemble, mes amis et moi, avant le début des cours, sur le grand parvis. Lina, elle, est encore à l'école primaire. C'est au bout de la rue, et pourtant elle est toujours en retard; elle quitte l'appartement à la dernière minute, ses tennis encore délacées, un livre sous le bras.
Le jour se lève à peine; chacun arpente les trottoirs les yeux baissés en suivant son chemin mécaniquement. Il fait froid, nous entrons dans l'automne. Les températures descendent vite dans notre ville située au pied des montagnes.
- Thomas!
Matthieu débouche d'une rue. Nous nous retrouvons en route presque chaque matin. C'est mon meilleur ami, pourtant si différent de moi. L'intellectuel parfait - c'est d'ailleurs son surnom au lycée: l'intellectuel. Fan de sciences, collectionneur passionné - timbres, vinyles, journaux étrangers - et allergique au sport. Plutôt petit, lunettes, et un éternel manteau bleu nuit que sa mère lui a acheté sans lui demander son avis.
- Ça va?
À sept heures moins le quart, l'appartement est saturé d'informations contradictoires. Les radios-réveils, le transistor dans la cuisine et celui dans la salle de bains. Pas un réglé sur la même fréquence. Musique pour Lina, les infos pour mes parents (mais ils ont chacun leur station préférée), et pour moi... je change en fonction de mes humeurs. Une cacophonie dans laquelle nous grappillons quelques mots en passant de pièce en pièce, pressés, déjà en retard, comme tous les matins. En rien le plaisir avec lequel je m'endors chaque soir, après avoir réglé la minuterie, écoutant les voix des animateurs qui se brouillent peu à peu quand je sombre dans le sommeil.
Les phrases qui s'entremêlent ce matin parlent de ministres que je ne connais pas, de résultats de foot, d'une inondation en Asie et toujours du virus. Je ne me souviens plus depuis combien de temps l'épidémie fait les gros titres des journaux. Trois ou quatre semaines, peut-être... et il me semble que cela revient de plus en plus souvent. Non pas que nous soyons en danger: la maladie s'arrête aux portes de l'Europe, paraît-il, mais c'est sans cesse une litanie de mauvaises nouvelles, d'entreprises fermées, d'hôpitaux saturés, de couvre-feu en Amérique du Sud ou en Afrique.
J'habite à dix minutes du lycée, mais je pars toujours en avance, parce que j'aime les quelques minutes que nous passons ensemble, mes amis et moi, avant le début des cours, sur le grand parvis. Lina, elle, est encore à l'école primaire. C'est au bout de la rue, et pourtant elle est toujours en retard; elle quitte l'appartement à la dernière minute, ses tennis encore délacées, un livre sous le bras.
Le jour se lève à peine; chacun arpente les trottoirs les yeux baissés en suivant son chemin mécaniquement. Il fait froid, nous entrons dans l'automne. Les températures descendent vite dans notre ville située au pied des montagnes.
- Thomas!
Matthieu débouche d'une rue. Nous nous retrouvons en route presque chaque matin. C'est mon meilleur ami, pourtant si différent de moi. L'intellectuel parfait - c'est d'ailleurs son surnom au lycée: l'intellectuel. Fan de sciences, collectionneur passionné - timbres, vinyles, journaux étrangers - et allergique au sport. Plutôt petit, lunettes, et un éternel manteau bleu nuit que sa mère lui a acheté sans lui demander son avis.
- Ça va?
10,00 €
Disponible sur commande
EAN
9782021086577
Caractéristiques
EAN | 9782021086577 |
---|---|
Titre | Les intouchables |
ISBN | 2021086577 |
Auteur | Fontaine Gilles |
Editeur | SEUIL JEUNESSE |
Largeur | 140mm |
Poids | 259gr |
Date de parution | 20/06/2013 |
Nombre de pages | 195 |
Emprunter ce livre | Vente uniquement |