Les passants

« Rien encore ne s'est éteint mais les lumières tremblent comme des lampions de fête foraine. Il est temps de se souvenir : Avec qui a-t-on dansé ? Avec qui a-t-on partagé des joies et des chagrins ? Et ces paroles, et ces baisers, avec qui ? Occupons-nous de ceux qui hantent la mémoire en déchirant le flou de nos rêves. Les passants qui répondent présents à nos appels. Les passants détachés du passé. » (Christian Giudicelli).

Christian Giudicelli a puisé de sa mémoire toutes ces rencontres plus ou moins éphémères, plus ou moins lointaines, plus ou moins marquantes - la durée ne fait rien à l'affaire, une amitié peut être brève et forte. Il offre ainsi aux lecteurs une jolie galerie de portraits, qu'il peint avec affection et ironie... Ce «bouquet de visages» - un exercice de style et de partage - est un vrai cadeau... Pas plus de chronologie ni d'ordre dans ce travail de mémoire, l'auteur raconte ces «entractes minuscules» comme ils viennent. Comme, rappelle-t-il, défilent les visages de ceux qui ont traversé notre vie. L'écrivain et dramaturge les décrit avec une nostalgie heureuse. Car ces visages, mêmes flous, disent notre passé. (Le Figaro)

N'allez surtout pas croire qu'il se contente de déballer son bric-à-brac. Ses souvenirs sont ordonnancés avec art, et le style épouse parfaitement l'intention. Aucune lourdeur, aucun effort visible. Tout semble fluide, délié, naturel, spontané. Modeste, l'auteur prie à plusieurs reprises le lecteur d'excuser tel ou tel mot : il n'en a pas trouvé de meilleur. On n'est pas tenu de le croire. N'est-ce pas ce nonchaloir, ce côté sans façon qui, à le lire, donne tant d'amitié pour lui ? (Le Nouvel Observateur)