Conte de putes

Gustafsson Laura - Saint-Germain Claire

GRASSET







Extrait



IL FAUT QUE TU SOIS MAUVAIS, IL FAUT QUE TU SOIS EFFRONTÉ, IL FAUT QUE TU SOIS PLUS MALIN. IL FAUT QUE TU SOIS DUR, IL FAUT QUE TU SOIS FORT, IL FAUT QUE TU SOIS PLUS GRAND. IL FAUT QUE TU SOIS CALME, IL FAUT QUE TU SOIS STABLE, IL FAUT QUE TU TIENNES BON.

Tout est parfait. Aphrodite est parfaite. Arès est parfait. Le sexe est parfait.
Ils se revoient lors d'une fête, évoquent et oublient leur passé, et repartent bras dessus bras dessous. Ils passent neuf mois ensemble. Le mari d'Aphrodite appelle et envoie des messages, mais Aphrodite, avec un rire cristallin, jette son téléphone par-dessus la bordure des nuages et se coule dans les bras puissants de son beau mâle d'amant.
Rien n'a meilleur goût que le sel des amours anciennes.
Arès est définitivement parfait. Juste le genre d'homme que doit être un homme. Musclé, beau, droit. Charismatique. Agressif. Mais tendre avec cela. Le parangon de la masculinité. Pour la testostérone c'est un..., ah, quoi ? Bon, disons... une station-essence. Une station-essence ouverte toute la nuit ! D'où se déverse un flot de carburant blanc avec crédit illimité !
Aphrodite gratouille la poitrine poilue de son homme.
«Mon bronzage commence à s'estomper. On va à la plage demain ?» elle demande.
«Demain ?» répond Arès. Ou plutôt ne répond pas Arès. Demande. Une question n'est pas une réponse.
«Eh bien oui, demain ?»
«Non, ça ne me va pas.»
«Pourquoi pas ?»
«Il faut que j'y aille.»
«Où ça ?»
«En Afghanistan.»
«Il faut mes fesses.»
«Il le faut.»
Comment ça, il le faut ? Il n'y a pas de il faut qui tienne. En bas le téléphone continue de seriner en boucle la chanson préférée d'Aphrodite. La reprend encore et encore. À chaque fois la ritournelle parvient jusqu'au moment où les paroles disent «All I know all I know love will save the da...» et s'arrêtent en plein milieu, c'est tellement agaçant, juste au milieu du mot. Chanson de merde. Arès caresse distraitement l'image tatouée au bas du dos d'Aphrodite. On dirait que la peau s'en va. «Tu veux faire un trou ou quoi ? !» hurle Aphrodite. Après quoi ils la ferment et se séparent.
Arès part pour sa connerie d'Afghanistan et Aphrodite pour sa connerie de maison. Ses connasses de règles sont en retard. «Je suis enceinte, laisse-moi tranquille», elle dit à son mari. Son mari ne comprend sans doute pas quand on lui parle, car il demande comment ça se peut, vu qu'ils n'ont jamais rien fait, tout ça. Aphrodite se tait, non qu'elle veuille éviter de l'attrister, mais plutôt pour la raison contraire.
Et tu parles que le type connaît la réponse. C'est ce qui rend si énervant qu'il se sente quand même obligé de poser la question.



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EAN
9782246803485
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