Sociologie urbaine et développement durable

Hamman Philippe

DE BOECK SUP

Extrait de l'introductionRéchauffement climatique, «Grenelle de l'environnement», conférence des Nations Unies «Rio+20» en 20122, énergies renouvelables, risques de catastrophe nucléaire, commerce équitable, économie sociale et solidaire, mobilité partagée, mixité sociale, etc., les débats politiques, économiques et sociaux mobilisent couramment le répertoire du «développement durable» (DD). Le succès de cet énoncé se retrouve aussi bien au niveau international que local, dans les villes et les espaces urbains notamment - sachant que la population urbaine a atteint en 2006 le seuil de 50 % de la population mondiale, et bien davantage dans les pays occidentaux: en 2010, 85 % de la population française vit en «milieu urbain», selon l'Institut national de la statistique et des études économiques.La sociologie urbaine éprouve pourtant quelque difficulté à s'emparer de cet objet d'importance. Le flou qui l'entoure se devine à l'aune des enjeux cités et pose question au chercheur. Si des tentatives ont eu lieu pour proposer une définition spécifique, aucune ne s'est véritablement imposée dans la littérature. Nous devons donc composer avec l'ambiguïté sémantique du registre du DD. Plutôt que d'y voir une contrainte indépassable, nous la considérons comme le point de départ du questionnement. Cette posture a pour intérêt de décaler le regard par rapport à un certain nombre de clivages, qui sont souvent rapidement «enregistrés» et durcis. Il s'agit en particulier de quatre couples, ramenés à des oppositions, entre global et local, court et long terme, principes et applications, ville et environnement. À chaque fois, nous proposons de sortir de visions trop duales pour saisir des dialectiques, structurantes des espaces urbains confrontés aux enjeux de durabilité. Pour cela, nous reformulons quatre axes de problématisation, respectivement: la question spatiale et territoriale, l'entrelacement des temporalités, la dimension processuelle témoignant de dynamiques en cours et non linéaires, enfin la «ville durable» comme cadre et objet à penser plutôt qu'oxymore radical.En même temps, il ne s'agit pas de gommer les contradictions en entérinant un relativisme de la définition du DD urbain, de ses attendus et de ses conséquences; mais leur interrogation sociologique implique de ne pas les tenir pour des données. C'est le sens du paradigme que nous retenons, à savoir la sociologie des transactions sociales, promue par Jean Remy, Liliane Voyé et Émile Servais (1978) ainsi que Maurice Blanc (1992). Intitulé Produire ou reproduire?, l'ouvrage fondateur de Remy et al. voulait explicitement sortir du clivage théorique entre les approches d'Alain Touraine (La production de la société, 1973) et de Pierre Bourdieu (La reproduction, avec Jean-Claude Passeron, 1970), qui étaient dominantes. Pour cela, tentant une sorte de «troisième voie» entre la sociologie de l'action et le holisme, les auteurs examinent les processus d'élaboration de «compromis pratiques» (pour reprendre l'expression de Ledrut, 1976, p. 93) dans les situations concrètes où le conflit ne peut être simplement lu comme un affrontement - au sens des modèles économiques, comme le dilemme du prisonnier dont fait état Thomas Schelling (1986) -, mais correspond à des modes de «coopération conflictuelle», suivant le couple de l'autonomie et des interdépendances, susceptibles de déboucher sur des produits hybrides.

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EAN
9782804172107
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