La trahison et autres essais

Hillman James - Argaud Elise

PAYOT

Celui que Umberto Eco a baptisé l?« universitaire picaresque » est décidément un excellent vulgarisateur. Comme c?est aussi un auteur comique, il se joue allègrement des faillites et du ridicule auxquels les idées conduisent parfois. C?est ce double rapport aux idées - qu?il va jusqu?à qualifier de schizophrène tant il s?est toujours appliqué à séparer son travail de romancier et son activité d?universitaire - que David Lodge livre dans ce recueil de textes inédits en France.

David Lodge avait exploré dans Pensées secrètes (Rivages, 2002) un territoire jadis abandonné aux romanciers et récemment conquis par les scientifiques: la conscience humaine. Dans ce dernier roman il confrontait deux approches très différentes, l?une scientifique et matérialiste, l?autre littéraire et intuitive. Lodge poursuit ici cette réflexion. À bien y réfléchir, conclut-il, tout est une question de point de vue. Si la littérature l?a compris depuis longtemps, la science commence seulement à admettre qu?un événement reste inséparable de son observation. Pensées secrètes reposait sur l?idée qu?un stade crucial dans le développement ordinaire de l?être humain est l?acquisition d?une « théorie de l?esprit », lequel correspond au moment où l?enfant découvre à la fois que les autres peuvent avoir du monde une interprétation différente et qu?il a la possibilité de les tromper. C?est pourquoi le mensonge, et son avatar autorisé, la fiction, sont si profondément enracinés dans la nature humaine.

En marge de quelques essais biographiques où il nous confie l?importance de son éducation catholique et d?une enfance passée dans les faubourgs de Londres, Lodge examine également la critique universitaire et discute ses prétentions à fonctionner sur un plan de vérité plus élevé que les textes qu?elle commente. Le discours littéraire souffrirait-il d?un complexe? S?agissant de l?autre critique, l?écrivain déplore justement « le drame ?dipien » qui se joue dans les journaux et magazines, et expose ainsi la curieuse obsession des journalistes pour la personnalité de l?auteur, en évoquant avec polissonnerie les confusions qui peuvent en résulter. Nous apprenons à cette occasion que Dickens fut le premier à subir cette fascination du public pour la vie privée. Enfin, l?écrivain Lodge dit son admiration pour Joyce et quelques autres grands noms ainsi que « l?angoisse d?influence » qui accompagna leur fréquentation. Il fait aussi l?inlassable démonstration de l?importance d?une littérature qu?il considère tout à la fois comme témoin de son temps, réflexion sur la condition humaine et divertissement satirique.

C?est ainsi à une double réflexion que nous convient ces essais, écrits en diverses occasions et sous différentes formes (articles de presse, discours, conférences, etc.), celle de l?écrivain qui saisit la création au miroir, et celle que nous tous, lecteurs, pouvons mener sur le sens de la littérature.

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EAN
9782228898072
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