Philosophie N° 90, Juin 2006

Husserl Edmund - Henrich Dieter - Seron Denis - Bo

MINUIT

Résumé :
Ce numéro s'ouvre par la présentation et la traduction des conférences consacrées en 1917 par Husserl à " L'idéal de l'humanité selon Fichte " qui, loin de se limiter à un manifeste patriotique conjoncturel, procèdent à une explication avec la philosophie fichtéenne rendue nécessaire par l'évolution de Husserl vers un idéalisme transcendantal : ce dernier, partant " d'en bas ", procédant par analyses purement descriptives et aspirant au statut de science rigoureuse, peut-il se reconnaître dans le style spéculatif de la Weltanschauungsphilosophie et de la Lebensweisheit fichtéennes ? Apparaît une affinité inattendue entre la phénoménologie husserlienne et la doctrine tardive de Fichte sur Dieu, dessinant la voie programmatique d'une " théologie phénoménologique " qui articule de façon structurelle et téléologique les niveaux éthiques de l'humanité. L'article suivant, consacré par D. Henrich à la Logique de Hegel, donne un commentaire analytique de la Logique de la réflexion - l'un des passages les plus ardus de la " Logique de l'Essence " - en partant d'un double précepte de méthode : accorder la Logique avec les exigences générales de la pensée hégélienne, et considérer que ce texte n'est pas toujours adéquat à son contenu et qu'il requiert des reformulations. L'exégète part ainsi de la formule selon laquelle " il faut déterminer la substance comme sujet ", considérée comme principe programmatique de la philosophie hégélienne et comme fondement du caractère dynamique de sa logique, pour tenter d'élucider jusque dans le détail l'argumentation hégélienne. Dans " La controverse sur la négation de Bolzano à Windelband ", D. Seron s'attache au " problème de la négation " qui a traversé la philosophie germanique du XIXe et de la première moitié du XXe siècle, et se définit par un ensemble de questions fondamentales : l'affirmation et la négation sont-elles co-originaires, ou l'une se laisse-t-elle dériver de l'autre ? la négation est-elle assimilable à l'acte de nier ou appartient-elle au contenu sémantique idéal visé par cet acte ? si la négation est un acte de rejet, que rejette-t-elle ? s'identifie-t-elle à une diairesis, et implique-t-elle une synthesas entre contenus de représentation ? D. Seron retrace l'histoire de ce problème qui, ancrée dans la Logique de Lotze et la Doctrine de la science de Bolzano, conduit à Husserl et Frege. Enfin, dans " L'abyme de la politique ", A. Boyer s'attache à un point central de la pensée rousseauiste : il met en question l'interprétation, donnée par A. Philonenko - et objet d'un consensus général -, de la notion de volonté générale à partir du modèle mathématique du calcul intégral, qui l'identifie à la somme des différences entre volontés singulières. L'enjeu, double, est de prévenir contre la clarification illusoire apportée par la mathématisation de notions politiques, et surtout de dénoncer la conception d'une volonté générale résultant immédiatement d'une opération mathématique - au motif qu'elle fait totalement abstraction des médiations concrètes nécessaires à son élaboration, c'est-à-dire du travail de confrontation effective des volontés individuelles dans l'espace public.

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EAN
9782707319630
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