L'architecture du jour d'après

Itô Toyô - Dartois-Ako Myriam - Quentin Corinne

IMPRESSIONS NOU







Extrait

Extrait de l'avant-propos Dix-huit mois se sont écoulés depuis le grand séisme dans le nord-est du Japon. Durant cet intervalle, je me suis rendu à de nombreuses reprises dans les zones sinistrées. Voyage après voyage, diverses questions se sont imposées à moi : au fond, qu'étaient donc les bâtiments que j'avais construits jusqu'à présent ? A qui étaient-ils destinés ? Pourquoi donc les avais-je conçus ? Tous les architectes pensent construire pour la société, pour les gens. Même les étudiants en architecture, si on les interrogeait sur ce qui fonde leur expression personnelle, répondraient presque à coup sûr vouloir donner une forme nouvelle aux lieux dans lesquels les gens se rassemblent. Mais, dans la société contemporaine gouvernée par une économie globalisée, l'architecture est faite et défaite par des forces considérablement plus puissantes que le sens moral et la bonne volonté de l'architecte. Pratiquement aucune place ne reste pour l'élaboration d'espaces publics ou communautaires comme c'était le cas autrefois. Au contraire, pour faire tourner efficacement la machine économique, mieux vaut fractionner au maximum les communautés en entités individuelles. Face aux mégapoles mues par d'énormes capitaux, comment l'architecte doit- il se positionner ? C'était la question à laquelle j'étais en train de réfléchir quand le cataclysme s'est produit. Pour se rendre à Kamaishi, dans la préfecture d'Iwate, il faut descendre du shinkansen à Shin-Hanamaki et traverser ensuite la plaine de Tôno, un trajet d'environ deux heures de voiture. Par-delà la pente douce des rizières en terrasse d'un jaune mordoré s'étend le satoyama, cette zone habitable de collines et de forêts, parsemée de maisons en L typiques du sud de cette région. Ici, persiste encore le beau paysage rural du Japon de jadis. Mais après un long tunnel, à l'approche du littoral de Kamaishi, le décor change brusquement. Bien que les décombres aient été presque totalement déblayés, les stigmates du tsunami restent partout visibles. Le long de la rue commerçante du centre-ville s'alignent les bâtiments au rez-de-chaussée éventré et, dans les quartiers résidentiels, seules les fondations en béton rappellent à peine ce qui était. Pourtant, la ville dévastée de Kamaishi commence à retrouver, même si ce n'est que petit à petit, une certaine animation. Au-dessus du marché aux poissons aujourd'hui rouvert, les goélands qui avaient disparu depuis le séisme sont revenus tournoyer. Et à la place des décombres maintenant déblayés, des fleurs sauvages s'épanouissent. Les visages des sinistrés, aussi, sont plus animés que quelque temps auparavant. Alors que je faisais plus intimement la connaissance de ces personnes, mon village natal longtemps oublié s'est subitement rappelé à mon esprit.



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EAN
9782874491986
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