Le Prince. Conseils adressés à nos gouvernants, aujourd'hui malmenés par les événements, sur les nou
Extrait de l'avant-propos
Princes sans patrie ni frontières
Depuis des temps immémoriaux, le jeu du pouvoir et de la domination se sera pour l'essentiel articulé autour du bras de fer opposant le Prince à ses ennemis de l'intérieur comme de l'extérieur. Très longtemps, ce jeu se sera d'ailleurs inscrit dans le temps long, et déroulé à un rythme lent. Au fil des siècles, des théories politiques et des doctrines militaires portant sur l'exercice du pouvoir comme sur l'art de la guerre se seront imposées, qui reflétaient cet état de fait et reposaient toutes sur l'identification d'objectifs stratégiques ou géopolitiques à atteindre face à un ennemi séculaire stable, identifiable et permanent: des Nykliens maniates d'antan aux grands blocs géopolitiques contemporains, en passant par les cités italiennes rivales de la Renaissance, les États-nations territoriaux de l'époque moderne et jusqu'aux supporters de clubs de foot rivaux comme Lyon et Saint-Étienne, ou les Rangers et le Celtic de Glasgow.
Récemment, rien n'aura mieux incarné cette pérennité de l'ennemi, comme des enjeux stratégiques et géopolitiques qui lui sont liés, que la Guerre froide, nouvelle guerre de Troie qui opposa un demi-siècle durant le bloc socialiste mené par l'Union soviétique au camp occidental regroupé autour des États-Unis d'Amérique. En ce temps-là, de grands faisceaux, Est-Ouest, traversaient l'espace géopolitique, éclairant un ennemi permanent qui répondait toujours présent, et illuminant des enjeux et des objectifs aussi permanents que lui. Pour effrayants qu'ils fussent, notamment dans leur dimension nucléaire annonciatrice d'un Armageddon toujours possible, ces faisceaux Est-Ouest n'en avaient cependant pas moins été rassurants: par leur stabilité même, par leur inscription dans la durée, par les lignes rouges qu'ils avaient tracées et que les belligérants s'étaient bien gardés de franchir, et par les frontières quasi impénétrables à l'abri desquelles chacun pouvait se dire et se sentir chez lui.
Or, depuis la victoire, il y a un quart de siècle, du camp occidental qui, à défaut de lancer des missiles nucléaires sur son adversaire, avait eu l'excellente idée d'introduire dans ses murs un cheval de Troie rempli d'or et porteur de tablettes sur lesquelles étaient inscrites les lois du marché, l'espace géopolitique est devenu effroyablement lisse et ouvert: lisse, au point de ne plus offrir au Prince aucune prise, et ouvert au point de ne plus lui donner aucun repère. Depuis, murs et murailles du passé se seront de fait docilement inclinés devant les exigences d'une nouvelle économie mondiale et d'un nouveau marché aux dimensions planétaires, et l'ancienne frontière qui avait jadis séparé le chez-soi de l'étranger se sera estompée face aux torrents du libre-échange et de la libre circulation des biens, des personnes, de l'information et des idées.
Princes sans patrie ni frontières
Depuis des temps immémoriaux, le jeu du pouvoir et de la domination se sera pour l'essentiel articulé autour du bras de fer opposant le Prince à ses ennemis de l'intérieur comme de l'extérieur. Très longtemps, ce jeu se sera d'ailleurs inscrit dans le temps long, et déroulé à un rythme lent. Au fil des siècles, des théories politiques et des doctrines militaires portant sur l'exercice du pouvoir comme sur l'art de la guerre se seront imposées, qui reflétaient cet état de fait et reposaient toutes sur l'identification d'objectifs stratégiques ou géopolitiques à atteindre face à un ennemi séculaire stable, identifiable et permanent: des Nykliens maniates d'antan aux grands blocs géopolitiques contemporains, en passant par les cités italiennes rivales de la Renaissance, les États-nations territoriaux de l'époque moderne et jusqu'aux supporters de clubs de foot rivaux comme Lyon et Saint-Étienne, ou les Rangers et le Celtic de Glasgow.
Récemment, rien n'aura mieux incarné cette pérennité de l'ennemi, comme des enjeux stratégiques et géopolitiques qui lui sont liés, que la Guerre froide, nouvelle guerre de Troie qui opposa un demi-siècle durant le bloc socialiste mené par l'Union soviétique au camp occidental regroupé autour des États-Unis d'Amérique. En ce temps-là, de grands faisceaux, Est-Ouest, traversaient l'espace géopolitique, éclairant un ennemi permanent qui répondait toujours présent, et illuminant des enjeux et des objectifs aussi permanents que lui. Pour effrayants qu'ils fussent, notamment dans leur dimension nucléaire annonciatrice d'un Armageddon toujours possible, ces faisceaux Est-Ouest n'en avaient cependant pas moins été rassurants: par leur stabilité même, par leur inscription dans la durée, par les lignes rouges qu'ils avaient tracées et que les belligérants s'étaient bien gardés de franchir, et par les frontières quasi impénétrables à l'abri desquelles chacun pouvait se dire et se sentir chez lui.
Or, depuis la victoire, il y a un quart de siècle, du camp occidental qui, à défaut de lancer des missiles nucléaires sur son adversaire, avait eu l'excellente idée d'introduire dans ses murs un cheval de Troie rempli d'or et porteur de tablettes sur lesquelles étaient inscrites les lois du marché, l'espace géopolitique est devenu effroyablement lisse et ouvert: lisse, au point de ne plus offrir au Prince aucune prise, et ouvert au point de ne plus lui donner aucun repère. Depuis, murs et murailles du passé se seront de fait docilement inclinés devant les exigences d'une nouvelle économie mondiale et d'un nouveau marché aux dimensions planétaires, et l'ancienne frontière qui avait jadis séparé le chez-soi de l'étranger se sera estompée face aux torrents du libre-échange et de la libre circulation des biens, des personnes, de l'information et des idées.
16,00 €
Disponible sur commande
EAN
9782021098860
Caractéristiques
EAN | 9782021098860 |
---|---|
Titre | Le Prince. Conseils adressés à nos gouvernants, aujourd'hui malmenés par les événements, sur les nou |
ISBN | 2021098869 |
Auteur | Kemp Percy |
Editeur | SEUIL |
Largeur | 130mm |
Poids | 150gr |
Date de parution | 07/02/2013 |
Nombre de pages | 137 |
Emprunter ce livre | Vente uniquement |