Romans et récits. Tome 2
Kessel Joseph - Linkès Serge - Baudorre Philippe -
GALLIMARD
4e de couverture :
Kessel est difficile à situer dans le paysage littéraire. On l'y prenait parfois pour un intrus. À la NRF, Gaston Gallimard crut très tôt en lui, tandis que Gide (qui changerait d'avis) et Paulhan avaient, comme on dit, "des réserves". Peut-être n'était-il à leurs yeux qu'un reporter écrivant des romans, avec une circonstance aggravante : le succès. Alors romancier ou reporter ? Un pur romancier ? un authentique reporter ? La question, à vrai dire, ne se pose pas en ces termes.Cette édition ne fait pas acception de "métiers" ni d'ailleurs de genres littéraires. Elle juxtapose dans l'ordre chronologique des ouvrages relevant, à des degrés divers, de la fiction, du récit, du reportage ou de ce que Kessel aimait à nommer documentaire - un mot encore neuf dans les années 1920 et qu'il donna pour titre à la première partie de Vent de sable. Elle bénéficie d'autre part d'un fait nouveau : les manuscrits de Kessel sont désormais accessibles. Ces deux volumes en reproduisent de nombreux éléments - dont le scénario inédit du Bataillon du ciel - et les exploitent pour cerner ce qui fait la spécificité de l'oeuvre.Le "système Kessel", on croit le connaître : courir le monde, faire provision de "choses vues", livrer des reportages à la presse, en tirer (selon des modalités variables) un récit, puis publier un roman qui utilise (dans des proportions tout aussi variables) ces reportages et ce récit. Mais les apparences sont trompeuses : Le Lion (roman "kényan" de 1958), par exemple, aurait été conçu avant que ne soit achevé La Piste fauve (récit, kényan lui aussi, de 1954). L'oeuvre ne décrit pas une trajectoire systématique qui mènerait du réel (terrain du reporter) à la fiction (ou littérature). Chez l'auteur de Makhno et sa juive, la réalité n'est jamais chimiquement pure. Kessel pourrait bien être un précurseur de ce qu'on appelle aujourd'hui en bon français la creative non fiction. L'aventure, l'événement, tel homme rencontré, telle situation vécue possèdent pour lui un potentiel poétique ou romanesque qui fait d'eux des objets pour l'imagination.Pour le dire à la manière de Malraux, le réel est une musique sur laquelle nous sommes contraints de danser. Mais Kessel le trouve insuffisant. Comme Malraux lui-même, comme Cendrars, Saint-Exupéry et bientôt Gary, il est de ceux qui offrent à la réalité des prolongements puisés dans l'imaginaire. Ce faisant, il place son oeuvre - et ses aviateurs, ses Russes blancs, ses guerriers masaï, ses cavaliers afghans - aux confins "du réel, du rêve, de l'errance et de l'histoire" (Malraux encore). Il la rend transfrontalière, se rend lui-même inclassable et fait de l'aventure un mythe moderne. Sans doute respire-t-il "l'air du temps", qui est aussi le nom d'une collection à laquelle il donna des livres ; mais il sait s'en abstraire et atteindre à l'essentiel. Écrite en un siècle qui menaça de mille manières l'espèce humaine, toute son oeuvre peut être lue
Notes Biographiques :
Joseph Kessel naît en Argentine en 1898. Ses parents sont russes. Il passe une partie de son enfance en Russie, à Orensburg, au pied de l'Oural, fait ses études au lycée Louis-le-Grand, à Paris, puis à la Sorbonne, et suit des cours de comédie. Au cours de la Première Guerre mondiale, il s'engage dans l'aviation et a l'occasion d'observer, en témoin, certains épisodes de la révolution russe de 1917. Il voyage aux États-Unis, en Chine, en Inde, à Ceylan, en Indochine. Il publie alors ses premiers livres : "L'Équipage" (1923), "Les Rois aveugles" (1925), couronné en 1927 par le grand prix du roman de l'Académie française. Il participe à la guerre d'Espagne ; en 1940, il est correspondant de guerre. Il rejoint en 1941 les rangs de la France libre et écrit le Chant des partisans avec son neveu Maurice Druon. Grand voyageur, il arpente le monde et rapporte de nombreux documentaires et des livres inspirés de ses expériences. C'est ainsi qu'il publie, en 1967, "Les Cavaliers", à la suite d'une expédition en Afghanistan. Le Lion paraît en 1958. En 1963, Joseph Kessel entre à l'Académie française. Témoin parmi les hommes, comme l'indique un de ses titres, il a fait partie de l'Organisation mondiale de la santé. Joseph Kessel est mort en 1979.
Kessel est difficile à situer dans le paysage littéraire. On l'y prenait parfois pour un intrus. À la NRF, Gaston Gallimard crut très tôt en lui, tandis que Gide (qui changerait d'avis) et Paulhan avaient, comme on dit, "des réserves". Peut-être n'était-il à leurs yeux qu'un reporter écrivant des romans, avec une circonstance aggravante : le succès. Alors romancier ou reporter ? Un pur romancier ? un authentique reporter ? La question, à vrai dire, ne se pose pas en ces termes.Cette édition ne fait pas acception de "métiers" ni d'ailleurs de genres littéraires. Elle juxtapose dans l'ordre chronologique des ouvrages relevant, à des degrés divers, de la fiction, du récit, du reportage ou de ce que Kessel aimait à nommer documentaire - un mot encore neuf dans les années 1920 et qu'il donna pour titre à la première partie de Vent de sable. Elle bénéficie d'autre part d'un fait nouveau : les manuscrits de Kessel sont désormais accessibles. Ces deux volumes en reproduisent de nombreux éléments - dont le scénario inédit du Bataillon du ciel - et les exploitent pour cerner ce qui fait la spécificité de l'oeuvre.Le "système Kessel", on croit le connaître : courir le monde, faire provision de "choses vues", livrer des reportages à la presse, en tirer (selon des modalités variables) un récit, puis publier un roman qui utilise (dans des proportions tout aussi variables) ces reportages et ce récit. Mais les apparences sont trompeuses : Le Lion (roman "kényan" de 1958), par exemple, aurait été conçu avant que ne soit achevé La Piste fauve (récit, kényan lui aussi, de 1954). L'oeuvre ne décrit pas une trajectoire systématique qui mènerait du réel (terrain du reporter) à la fiction (ou littérature). Chez l'auteur de Makhno et sa juive, la réalité n'est jamais chimiquement pure. Kessel pourrait bien être un précurseur de ce qu'on appelle aujourd'hui en bon français la creative non fiction. L'aventure, l'événement, tel homme rencontré, telle situation vécue possèdent pour lui un potentiel poétique ou romanesque qui fait d'eux des objets pour l'imagination.Pour le dire à la manière de Malraux, le réel est une musique sur laquelle nous sommes contraints de danser. Mais Kessel le trouve insuffisant. Comme Malraux lui-même, comme Cendrars, Saint-Exupéry et bientôt Gary, il est de ceux qui offrent à la réalité des prolongements puisés dans l'imaginaire. Ce faisant, il place son oeuvre - et ses aviateurs, ses Russes blancs, ses guerriers masaï, ses cavaliers afghans - aux confins "du réel, du rêve, de l'errance et de l'histoire" (Malraux encore). Il la rend transfrontalière, se rend lui-même inclassable et fait de l'aventure un mythe moderne. Sans doute respire-t-il "l'air du temps", qui est aussi le nom d'une collection à laquelle il donna des livres ; mais il sait s'en abstraire et atteindre à l'essentiel. Écrite en un siècle qui menaça de mille manières l'espèce humaine, toute son oeuvre peut être lue
Notes Biographiques :
Joseph Kessel naît en Argentine en 1898. Ses parents sont russes. Il passe une partie de son enfance en Russie, à Orensburg, au pied de l'Oural, fait ses études au lycée Louis-le-Grand, à Paris, puis à la Sorbonne, et suit des cours de comédie. Au cours de la Première Guerre mondiale, il s'engage dans l'aviation et a l'occasion d'observer, en témoin, certains épisodes de la révolution russe de 1917. Il voyage aux États-Unis, en Chine, en Inde, à Ceylan, en Indochine. Il publie alors ses premiers livres : "L'Équipage" (1923), "Les Rois aveugles" (1925), couronné en 1927 par le grand prix du roman de l'Académie française. Il participe à la guerre d'Espagne ; en 1940, il est correspondant de guerre. Il rejoint en 1941 les rangs de la France libre et écrit le Chant des partisans avec son neveu Maurice Druon. Grand voyageur, il arpente le monde et rapporte de nombreux documentaires et des livres inspirés de ses expériences. C'est ainsi qu'il publie, en 1967, "Les Cavaliers", à la suite d'une expédition en Afghanistan. Le Lion paraît en 1958. En 1963, Joseph Kessel entre à l'Académie française. Témoin parmi les hommes, comme l'indique un de ses titres, il a fait partie de l'Organisation mondiale de la santé. Joseph Kessel est mort en 1979.
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EAN
9782072850103
Caractéristiques
EAN | 9782072850103 |
---|---|
Titre | Romans et récits. Tome 2 |
Auteur | Kessel Joseph - Linkès Serge - Baudorre Philippe - |
Editeur | GALLIMARD |
Largeur | 120mm |
Poids | 673gr |
Date de parution | 04/06/2020 |
Nombre de pages | 1 808 |
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