J'entends battre le coeur de la Chine. Alpiniste et diplomate
Extrait
De montagnard à diplomate Sur mon carnet : 12 mai 2008, 21 h30. Chengdu - province du Sichuan à deux heures du Tibet, assis dans un parc à ciel ouvert du centre-ville, éloigné des grandes tours. ... Mon ordinateur a décollé de mon bureau de vice-consul. J'empoigne aussitôt mon assistante et la somme d'ôter ses chaussures à talon. Plutôt que de plonger sous une table comme le conseillent les manuels, je l'entraîne dans l'escalier de secours. Il faut évacuer l'immeuble. La Chine vient d'être secouée. Il est à peine plus de 14 h. Vingt étages pèsent sur nos têtes. Quinze sont à descendre. Les murs de plâtre se lézardent. L'escalier est bondé. Certains paniquent et pleurent. J'ai envie de leur dire de se taire et de courir, mais personne n'est en état d'écouter. Il n'y a plus de lumière à certains étages. Garder l'équilibre est difficile. Impossible de faire autrement que de suivre les plus lents. Pendant trois minutes, nous sommes bringuebalés par une très forte secousse. À mes côtés, une femme en bouscule deux autres qui se cramponnent à la rampe en se tordant les chevilles avec leurs escarpins. Quand nous sortons enfin de la tour, des millions d'habitants de Chengdu sont comme nous dans les rues. Les malades des hôpitaux sont évacués. Des hommes, des femmes et des enfants sont installés sur des lits à l'air libre. Et partout, l'effarement. Imprévisible. Un peuple frappé. Il fait beau à Chengdu, où vivent 12 millions d'habitants. 90000 Sichuanais ont perdu la vie aujourd'hui. Je rangeais dans le tiroir de mon bureau mon fidèle carnet de route quand tout tangua violemment. Je doutais, en cet instant, le rouvrir le soir même pour tracer les lignes qui précèdent. Les premières images diffusées sur les écrans de télévision m'informent rapidement de l'étendue des dégâts. Ils sont colossaux. L'épicentre du séisme n'est qu'à Quatre-vingts kilomètres d'ici. L'intensité est de près de 8 sur l'échelle de Richter et le tremblement de terre a été ressenti jusqu'à Pékin, à Taïwan et en Thaïlande, à deux mille kilomètres. Pourtant, l'onde de choc est passée ici à une magnitude 6,5, seulement... Cette perte d'intensité en quelques dizaines de kilomètres est miraculeuse... Le sous-sol de la plaine, sablonneux et tendre, a absorbé une grande partie des ondes de choc, évitant à Chengdu d'être rayée de la carte. Si le sol avait été en granit, les victimes se seraient comptées par millions du fait des tours bondées. Les populations montagnardes en périphérie sont les plus touchées et le bilan est très lourd : quatre-vingt-dix mille morts, quatre cent mille blessés et des millions de sans-abri. Tout un peuple se mobilisera. Tant de fois j'en serai le témoin. Les séismes ne sont pas rares dans cette région, provoqués par la plaque du continent indien qui glisse inexorablement sous l'Himalaya à la vitesse de six centimètres par an. Une pression inimaginable qui fait grandir les sommets de près d'un centimètre chaque année et pousse la masse de l'Himalaya sur le Tibet, décrochant parfois brutalement, malmenant les plaines chinoises. La terre tremble ici épisodiquement, et tremblera tant que le bloc chinois n'aura pas absorbé l'Inde, géologiquement s'entend.
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EAN
9782723495318
Caractéristiques
EAN | 9782723495318 |
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Titre | J'entends battre le coeur de la Chine. Alpiniste et diplomate |
Auteur | Koenig Serge |
Editeur | GLENAT |
Largeur | 140mm |
Poids | 376gr |
Date de parution | 24/04/2013 |
Nombre de pages | 259 |
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