La violence de l'image

Extrait

Extrait de l'introduction de Florian Houssier : Associer les mots «images» et violence» renvoie chaque terme à son champ d'appartenance initial : socio-criminologique pour la violence, social et philosophique pour l'image. Aujourd'hui, l'association discutable de ces deux termes s'impose pourtant comme un axe de recherche incontournable dont le champ social et culturel se fait régulièrement l'écho. Dans le champ clinique, le praticien constate que la violence en image peut rencontrer la fragilité de certains sujets et les exposer à un vécu de souffrance psychique, au seuil d'une excitation traumatique. L'image, comme support pour donner sens aux scénarios sous-jacents qui l'accompagnent, passe souvent par un média. Cette médiation par l'image, parfois comparable à du matériel onirique, n'empêche pas de penser la dualité de l'image, notamment ses effets potentiellement désorganisateurs. Nous nous intéressons par conséquent à ce qui, dans les récits de patients qui utilisent ce sup­port, donne une texture singulière à leur discours voire à leur comportement ; ces patients, enfants, adolescents ou adultes, sont parfois plus impliqués subjectivement dans leur mode d'être à l'image que dans toute autre situation au cours d'une séance. Cet ouvrage explore la double valence, positive et négative, de l'image dite violente. La dimension quantitative du surcroît d'exci­tation attribuée à l'image violente ne peut en effet nous faire oublier que nous sommes souvent fascinés par cette mise en forme de notre propre destructivité. Le plaisir pris au spectacle de la destruction est relié au fait que voir est toujours absorber et détruire ; destruction d'autant plus supportable dans l'inconscient qu'elle est sous-tendue par une conviction toute-puissante : nous pouvons recréer l'univers par un simple coup d'oeil (Bonnet, 1981, p. 62). Cette tension ouvre un champ de recherche mettant au débat les hypothèses les plus diverses, l'image se situant dans une ligne de tension entre traumatisme et figuration. Ainsi, l'image violente tend-elle à mobiliser les sensations et les réactions davantage que les représentations ? Ou participe-t-elle d'une tentative de figuration des représentations violentes mises au travail dans l'articulation entre le dedans et le dehors ?