L'Eglise catholique face aux évangéliques. Le cas du Pérou

En 1992, Jean-Paul II, à Santo Domingo, reprenant l'image biblique tirée de l'évangile de saint Matthieu, qualifie les "sectes" de "loups voraces dévorant les catholiques latino-américains". Par le terme "secte", parfois encore utilisé par le magistère, Jean-Paul II fait référence à ceux que les Latino-Américains appellent les évangéliques, c'est-à-dire les chrétiens autres que catholiques. L'objectif de ce livre est l'étude, dans le Pérou actuel, des stratégies développées par la hiérarchie catholique pour contrer le dynamisme et les innovations populaires des évangéliques. Dans un système politique de type corporatiste, l'Eglise fait pression sur le gouvernement pour qu'il n'accorde pas aux groupes évangéliques les droits et privilèges dont elle jouit grâce au Concordat de 1980. Dans le domaine pastoral, en s'efforçant d'éviter les débordements, l'Eglise privilégie les dévotions traditionnelles qui s'expriment, entre autres, dans de grandes manifestations à caractère nationaliste. Le culte du Seigneur des Miracles, la plus grande procession au monde, rassemble à Lima durant le mois d'octobre des centaines de milliers de fidèles pendant plusieurs jours. Malgré un relatif succès de l'Eglise, en particulier au niveau politique, les évangéliques, 12,5 % de la population, une minorité en croissance, ont acquis droit de cité et l'Eglise doit à présent composer avec eux.