Tocs et phobies. comprendre pour mieux en guérir

Extrait de l'introduction de Maryvonne Leclère

À peine né, l'être humain entre en apprentissage. Pas à pas, il va maîtriser ses gestes, acquérir le langage, la lecture, l'écriture, les savoirs indispensables et les codes sociaux de la société dans laquelle il vit. Nous apprenons en continu par observation, imitation, acquisition volontaire ou sous la contrainte. Cet apprentissage suppose une capacité d'adaptation qui dépend à la fois de la maturation physique, psychique, et des opportunités offertes par le milieu. Il nous faut aussi, tout au long de notre existence, affronter des situations nouvelles. Pour réagir avec pertinence à chacune de celles qui surviennent, nous devons acquérir un nouveau savoir, un nouveau comportement, de nouvelles pensées, nous adapter. La plupart d'entre nous le font sans même en avoir conscience. Mais quelques-unes s'interrompent en chemin, bloqués par l'inadéquation entre leur système de pensée, les émotions qui en découlent, et le comportement juste dans telle ou telle circonstance. Ce blocage entraîne des troubles anxieux tels que les phobies et les troubles obsessionnels compulsifs: les tocs. Cela est particulièrement le cas dans des situations de peur déraisonnable étant donné l'événement réellement vécu, et liée à l'histoire de vie de chacun.
En effet, la plupart des stimulations de l'environnement qui sont perçues comme «surprenantes» et, à plus forte raison, comme dangereuses ou menaçantes, déclenchent une réaction d'alarme. Cette réaction a pour fonction de mobiliser immédiatement toutes les ressources de l'individu, qu'elles soient physiologiques ou psychologiques, afin de l'amener à émettre des comportements d'attaque, de figement ou de fuite, vis-à-vis du danger ou de la menace. Selon les circonstances, cette réaction suscitera une simple tension, de l'irritation, de l'inquiétude, de la peur ou de l'anxiété. Le problème de la personne phobique ou souffrant d'un toc est qu'elle répond à un danger imaginaire ou largement surdimensionné et répétitif par cette réaction d'alarme disproportionnée, et ne parvient à y échapper que par l'évitement de l'objet de sa peur ou de la situation qui l'effraie, et, dans le cas des tocs, la mise en place de rituels dont elle tire un bref soulagement. La méconnaissance de ces troubles par l'entourage, mais aussi parfois par des représentants du corps médical, engendre une grande souffrance pour les personnes atteintes de phobie et de toc. Les conséquences négatives générées par l'évitement de situations qui apparaissent ordinaires pour la majorité des individus sont aggravées au fils du temps. Par ailleurs, l'ignorance des processus de pensée qui engendrent ces peurs irrationnelles accentue la détresse de ceux qui les vivent.