L'apothicaire
Loevenbruck Henri
J'AI LU
Il vécut à Paris en l'an 1313 un homme sans famille qui allait du nom d'Andréas Saint-Loup, mais que d'aucuns appelaient l'Apothicaire et, quand on le désignait ainsi, nul n'ignorait qu'il s'agissait de celui-là bien qu'il y eût de nombreux autres hommes exerçant la profession dans la capitale, car il était à la fois le plus illustre et le plus mystérieux des préparateurs de potions, onguents, drogues et remèdes que l'on pût trouver dans la ville et peut-être même dans le pays tout entier.
Des divers adjectifs qui pouvaient qualifier l'homme, s'il n'eût fallu en retenir qu'un, on eût aisément dit de lui qu'il était sibyllin, en ce sens que ses paroles comme ses actes étaient aussi obscurs, mystérieux et impénétrables que ceux des oracles de l'Antiquité, et son passé, au reste, demeurait pour tout Paris une véritable énigme, même pour l'abbé Boucel, l'homme qui l'avait trouvé, recueilli et élevé non loin de là, dans l'abbaye de Saint-Magloire, et dont nous aurons l'occasion de reparler plus tard.
Quand on venait quérir dans son officine quelque médicament et qu'on expliquait son mal, il restait silencieux un instant, comme s'il n'avait point de réponse à fournir, prenait un air absorbé, presque distant, puis il disparaissait dans son laboratoire et revenait enfin avec une préparation dont il ne disait souvent rien mais qui, toujours, apportait au patient toute satisfaction. La scène, inlassablement, se jouait dans un silence théâtral. Plus d'une fois on le vit corriger discrètement le diagnostic d'un illustre médecin - bien que cela fût rigoureusement interdit par les maîtres de la profession - et proposer à ses visiteurs une cure différente de celle préconisée par le supposé savant, et alors, dit-on, jamais il ne se trompait. On raconte même qu'il soigna bien des pauvres âmes que la médecine avait depuis longtemps abandonnées et qu'il ne se privait jamais de faire payer davantage ses clients les plus aisés pour assurer, sans la moindre ostentation, la gratuité aux démunis. Cela, encore, contredisait le serment prêté par les maîtres pharmaciens, mais l'homme était un iconoclaste et faisait passer la santé de ses semblables avant le respect de sa confrérie, ce qui lui valut, comme on le découvrira, quelques mésaventures.
Dans le quartier qu'il occupait, au coeur de la rue Saint-Denis - qui était en ce temps celle des apothicaires, des épiciers et des selliers, et où était installée sa boutique - tout le monde connaissait sa figure, non seulement parce qu'il était un personnage majeur de la vie quotidienne de tout le voisinage, mais aussi parce que sa physionomie n'était pas ordinaire, et nous la tracerons ici brièvement.
Des divers adjectifs qui pouvaient qualifier l'homme, s'il n'eût fallu en retenir qu'un, on eût aisément dit de lui qu'il était sibyllin, en ce sens que ses paroles comme ses actes étaient aussi obscurs, mystérieux et impénétrables que ceux des oracles de l'Antiquité, et son passé, au reste, demeurait pour tout Paris une véritable énigme, même pour l'abbé Boucel, l'homme qui l'avait trouvé, recueilli et élevé non loin de là, dans l'abbaye de Saint-Magloire, et dont nous aurons l'occasion de reparler plus tard.
Quand on venait quérir dans son officine quelque médicament et qu'on expliquait son mal, il restait silencieux un instant, comme s'il n'avait point de réponse à fournir, prenait un air absorbé, presque distant, puis il disparaissait dans son laboratoire et revenait enfin avec une préparation dont il ne disait souvent rien mais qui, toujours, apportait au patient toute satisfaction. La scène, inlassablement, se jouait dans un silence théâtral. Plus d'une fois on le vit corriger discrètement le diagnostic d'un illustre médecin - bien que cela fût rigoureusement interdit par les maîtres de la profession - et proposer à ses visiteurs une cure différente de celle préconisée par le supposé savant, et alors, dit-on, jamais il ne se trompait. On raconte même qu'il soigna bien des pauvres âmes que la médecine avait depuis longtemps abandonnées et qu'il ne se privait jamais de faire payer davantage ses clients les plus aisés pour assurer, sans la moindre ostentation, la gratuité aux démunis. Cela, encore, contredisait le serment prêté par les maîtres pharmaciens, mais l'homme était un iconoclaste et faisait passer la santé de ses semblables avant le respect de sa confrérie, ce qui lui valut, comme on le découvrira, quelques mésaventures.
Dans le quartier qu'il occupait, au coeur de la rue Saint-Denis - qui était en ce temps celle des apothicaires, des épiciers et des selliers, et où était installée sa boutique - tout le monde connaissait sa figure, non seulement parce qu'il était un personnage majeur de la vie quotidienne de tout le voisinage, mais aussi parce que sa physionomie n'était pas ordinaire, et nous la tracerons ici brièvement.
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EAN
9782290055786
Caractéristiques
EAN | 9782290055786 |
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Titre | L'apothicaire |
Auteur | Loevenbruck Henri |
Editeur | J'AI LU |
Largeur | 111mm |
Poids | 422gr |
Date de parution | 28/03/2013 |
Nombre de pages | 797 |
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