La Volga naît en Europe

Malaparte Curzio - Bertrand Juliette

BELLES LETTRES

Note de l'éditeur

La Volga naît en Europe n'avait pas été publié en France depuis 1948. Il s'agit d'une oeuvre majeure de Curzio Malaparte - né Kurt Erich Suckert - écrit à partir de ses reportages sur le front russe pour le journal Corriere délia Sera. Pouvait-on rêver mieux que ce texte éblouissant pour signer le début de la collection «Mémoires de guerre» aux Belles Lettres dont l'ambition est de faire vivre à nouveau les plus remarquables témoignages de combattants, de journalistes et d'écrivains? Ces trois conditions, Malaparte les a bien connues. Le feu, ce sera durant le premier conflit mondial après s'être engagé à l'âge de seize ans. De cette expérience, il tire son premier livre, Viva Caporetto!', ouvrage inédit à ce jour en France et que les Belles Lettres publient également.
Intellectuel engagé - parfois mal -, écrivain, esthète, éternel provocateur souvent censuré, journaliste prolifique, Malaparte retourne au front comme correspondant de guerre vingt ans plus tard: il est en Éthiopie en 1939, récemment conquise par les troupes italiennes, puis couvre la guerre dans les Alpes en 1940, enfin accompagne l'armée italienne durant son expédition en Grèce. Mais l'invasion de la Russie aux côtés des soldats italiens et roumains et le siège de Leningrad lui font accéder à un conflit d'une autre dimension, inimaginable, ce «fléau biblique» qu'est la guerre à l'Est selon le mot de son talentueux biographe, Maurizio Serra. Pour l'édition française de cet ouvrage, le «caméléon» de la littérature italienne avait rédigé une préface dans la langue de ce pays qu'il aimait tant. Elle est intégralement reproduite ici, réflexion implacable sur les machines de guerre nazies et communistes.
Mais il est maintenant temps de monter dans la vieille Ford V8 de cet immense écrivain de quarante-trois ans, trop longtemps oublié, et de partir à la guerre. Pour assister à ce choc de titans où la Russie communiste verse à torrents «le sang ouvrier» tandis que «dans l'immense étendue de la plaine russe, l'armée allemande se perd comme un fleuve dans le sable».

François Malye

Malaparte, vies et légendes, Maurizio Serra, Grasset, 2011 (prix Goncourt 2011 de la biographie).

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Pourquoi la Volga est un fleuve européen et pourquoi la Seine, la Tamise, le Tibre (et le Potomac aussi) sont ses affluents

Pendant la guerre contre la Russie, dès le début de la campagne, au cours de l'été 1941, ma connaissance de la Russie soviétique et de ses problèmes m'aida beaucoup à juger de la nature des événements, et à prévoir leur inévitable évolution.
Il ne faut pas oublier que j'étais un correspondant de guerre de l'Italie, pays de l'Axe, au même titre que les trois cents correspondants de guerre affectés aux troupes italiennes sur tous les fronts, en Libye, dans les Balkans et même en Russie: que l'on ne s'étonne pas, par conséquent, que je fusse avec les troupes de l'Axe et non point avec les Anglais ou les Russes. Ce n'est pas ma faute personnelle si j'étais un citoyen de l'Axe et si les citoyens russes, anglais et américains étaient des citoyens des pays alliés. Ce que j'observais sur les champs de bataille n'était autre chose que la confirmation, la preuve de ce que j'écrivais sur la Russie communiste depuis plus de vingt ans. Dans toute mon expérience personnelle des choses russes, je me suis toujours refusé à juger la Russie soviétique du point de vue qu'on pourrait appeler «bourgeois», c'est-à-dire d'un point de vue nécessairement subjectif.

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EAN
9782251310015
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