L'apprentie du philosophe
Morrow James - Rouard Philippe
DIABLE VAUVERT
Tout commence par un papillon. L'insecte en question, un monarque, voletait au-dessus des guirlandes de belles-de-jour festonnant la barrière de mon appartement au rez-de-chaussée, et il plongeait sa trompe dans le fin pollen des cônes bleus. C'était un chaud et fécond matin d'août, et j'avais vingt-sept ans. Contemplant ce Danaus plexippus par un trou dans la porte grillagée, j'étais proprement fasciné par les antennes éthérées et les ailes orange rayées de bandes noires, aussi remarquables que des vitraux. Combien sacré il devait paraître aux yeux d'un insecte plus modeste... une véritable révélation pour un criquet.Il me revint fatalement en mémoire la fameuse énigme de Lao-tseu. «Suis-je un homme rêvant qu'il est un papillon ou bien un papillon rêvant qu'il est un homme?» Me livrant à une petite expérience, je changeai mentalement ma place avec le monarque. Je ne sais si ce dernier prit plaisir à être un thésard en philosophie, fauché et nourrissant un fort penchant pour l'éthique mais, de mon côté, ma condition de lépidoptère me réjouissait. Le soleil réchauffait mes ailes, le nectar apaisait ma faim, et le parfum comblait mes organes olfactifs, situés, devinez où, dans mes pattes.Le téléphone sonna. Un représentant de ma banque m'incitait ardemment à m'enfoncer un peu plus dans les dettes. Je raccrochai sèchement et tentai de retourner à ma rêverie taoïste, mais celle-ci s'était évaporée. Peu importe, le papillon avait fait son office. Grâce à cette fragile créature, j'avais trouvé le point d'ancrage de ma thèse de doctorat. Mason Ambrose, moraliste embryonnaire, fonderait les impératifs inhérents au lien existant entre l'humanité et le Danaus plexippus et les insectes en général, ainsi qu'à toute chose dans le monde se prévalant d'avoir ailes, pattes, tentacules, griffes, serres, écailles, plumes, nageoires, fourrure ou chair. Et ce fut avec une bouffée de joie que je mesurai que cette attitude darwiniste ne séduirait ni les marxistes séculiers, dont les enseignements éthiques barbotaient exclusivement dans le cours brutal de l'histoire, ni les chrétiens évangélistes pour lesquels une éthique naturaliste était une contradiction dans les termes, ni les mystiques des classes moyennes, qui détestaient tout débat fleurant le déterminisme biologique. Une position philosophique susceptible de heurter la gauche collectiviste, la droite bondieusarde et la frange née sous le signe du Verseau, avait à mes yeux bien des atours.
23,00 €
Disponible sur commande
EAN
9782846262897
Caractéristiques
EAN | 9782846262897 |
---|---|
Titre | L'apprentie du philosophe |
Auteur | Morrow James - Rouard Philippe |
Editeur | DIABLE VAUVERT |
Largeur | 131mm |
Poids | 426gr |
Date de parution | 10/02/2011 |
Nombre de pages | 482 |
Emprunter ce livre | Vente uniquement |
Autres livres par l'auteur de " L'apprentie du philosophe " (Morrow James - Rouard Philippe)
-
Auel Jean M. - Rouard PhilippeLes Enfants de la Terre Tome 1 : Le clan de l'ours des cavernes8,30 €
-
Hurley Graham - Rouard PhilippeLes anges brisés de Somerstown. Une enquête de l'inspecteur Faraday11,70 €
-
-
Dans la même catégorie ( SANS CATEGORIE )
-
Tran Duc Thao - Feron AlexandreEcrits philosophiques et politiques. Tome 1, Phénoménologie, marxisme et lutte anti-coloniale32,00 €
-
-
Haudrère PhilippeLes Compagnies des Indes orientales. Trois siècles de rencontre entre orientaux24,50 €
Ma liste d’envies
Derniers articles ajoutés
Il n’y a aucun article dans votre liste d’envies.
- Commande avant 16h : Demain dans la boîte aux lettres !
- Livraison dès 3,50 €
- Retrait gratuit
- Paiement 100% sécurisé
4,6/5 - ⭐⭐⭐⭐⭐
2448 Avis - Source Google