Les nouveaux philosophes et l'idée de révolution

Deux questions sont au centre du débat soulevé par les Nouveaux Philosophes : celle du pouvoir et celle de la révolution. Qu'est-ce que le pouvoir ? Est-il nécessairement oppressif ? Peut-on s'en libérer dans le cadre d'une entreprise révolutionnaire ? Le champ d'irruption de cette problématique se trouve dans la révolte estudiantine de Mai 1968 en France. Au moment où cette insurrection généralisée éclate, les Nouveaux Philosophes sont encore élèves à l'École Normale Supérieure de la rue d'Ulm. Marxistes convaincus pour la plupart, ils s'engagent dans la bataille aux côtés des insurgés, assurés de l'imminence de l'écroulement de la dictature de la bourgeoisie. Après un mois d'émeutes et d'affrontements violents, le mouvement s'essouffle. La déception est immense. Les Nouveaux Philosophes en déduisent que la révolution est un leurre. La philosophie doit regarder l'horreur en face et débarrasser les opprimés de leurs folles espérances de libération. Ayant vécu de la manière la plus brutale la réalité de l'esclavage, les peuples africains se trouvent aujourd'hui engagés dans un processus de reconquête d'une existence historique autonome. Les concepts de liberté et de progrès ne sont pas de vains mots pour ces peuples, étranglés par la misère et l'exploitation capitaliste. D'où le problème du statut de la Nouvelle Philosophie. Exprime-t-elle une simple réaction de dépit de la part de militants révolutionnaires déçus par l'impossibilité d'une satisfaction immédiate de leurs aspirations ? Ou alors, faut-il voir en ce mouvement un nouveau dispositif théorique, sécrété par l'idéologie de la bourgeoisie pour contrer la pensée révolutionnaire et occulter le mouvement de l'histoire ?