Vingt-deux mois dans les glaces
Nordenskjöld Otto - Rabot Charles
PAULSEN
DE G
16 octobre 1901. - Une pâle matinée d'automne.
Au-dessus de Göteborg flotte une brume légère accrochée aux toits des maisons et aux arbres jaunis des boulevards. Lentement, le soleil troue le voile et une lueur terne traverse la grisaille. Au moment où nous allons quitter notre patrie, l'automne se pare de ses plus beaux atours.
Le grand pavois bariolé de l'Antarctic brille dans la clarté du port. Une foule innombrable couvre les quais et des groupes compacts continuent d'arriver. Toute la population de la ville tient à manifester l'intérêt qu'elle prend à notre entreprise.
L'heure du départ est arrivée; je l'attends depuis longtemps avec impatience. C'est le résultat de tant et tant de mois de travail acharné! Mais la satisfaction que devrait m apporter l'achèvement des préparatifs, la partie la plus pénible et la plus ingrate d'une expédition, est atténuée par les regrets de la séparation.
Dix heures sonnent: une dernière poignée de main aux parents et aux amis, et l'échelle du bord est retirée. Quelques commandements brefs partent de la passerelle, puis l'Antarctic prend son aire sur l'eau grise vers les glaces australes.
De Göteborg, nous faisons route vers Sandefjord, le principal port norvégien d'armement pour la chasse à la baleine et au phoque, où nous devons récupérer une partie de notre équipement.
Je me sépare à regret de mon principal collaborateur, M. Johan Gunnar Andersson, retenu en Suède par ses études à l'université. Dans trois mois, lorsque cet excellent ami aura pris ses grades, il rejoindra l'expédition aux Falkland, où elle doit relâcher après m'avoir débarqué dans l'Antarctique.
Tandis que le navire traverse la Manche et se dirige vers Falmouth, je fais un rapide aller-retour à Londres pour conférer avec les organisateurs de l'expédition antarctique anglaise, et avec M. Bruce, qui doit diriger une exploration écossaise dans des parages voisins des nôtres. Je désire m'entendre avec mon confrère d'Édimbourg pour le cas où un accident nous arriverait. Prévoir les pires éventualités est, pour un explorateur, le commencement de la sagesse. Je croyais alors prendre une simple mesure de précaution et j'étais loin de me douter qu'elle faillit ne pas être inutile.
La Société de géographie de Londres m'accueillit chaleureusement et, après un cordial déjeuner auquel son président, sir Cléments Robert Markham, avait convié un groupe de géographes des plus distingués, je ralliai l'Antarctic à Falmouth.
Dans ce port, le navire doit embarquer cent vingt-cinq tonnes de charbon et, avant de nous lancer sur l'océan, nous devons encore procéder à l'arrimage des mille colis plutôt encombrants. Pendant plusieurs jours, nous travaillons comme des nègres, les naturalistes aussi bien que les matelots.
Il importe que chacun connaisse la place des instruments dont il pourra avoir besoin en cours de route et les installe à portée de main. Pendant cette opération, le navire offre le spectacle du plus épouvantable désordre, et l'équipage celui d'une saleté sordide. Nos visiteurs n'ont pas dû se faire une idée très favorable de la propreté suédoise.
16 octobre 1901. - Une pâle matinée d'automne.
Au-dessus de Göteborg flotte une brume légère accrochée aux toits des maisons et aux arbres jaunis des boulevards. Lentement, le soleil troue le voile et une lueur terne traverse la grisaille. Au moment où nous allons quitter notre patrie, l'automne se pare de ses plus beaux atours.
Le grand pavois bariolé de l'Antarctic brille dans la clarté du port. Une foule innombrable couvre les quais et des groupes compacts continuent d'arriver. Toute la population de la ville tient à manifester l'intérêt qu'elle prend à notre entreprise.
L'heure du départ est arrivée; je l'attends depuis longtemps avec impatience. C'est le résultat de tant et tant de mois de travail acharné! Mais la satisfaction que devrait m apporter l'achèvement des préparatifs, la partie la plus pénible et la plus ingrate d'une expédition, est atténuée par les regrets de la séparation.
Dix heures sonnent: une dernière poignée de main aux parents et aux amis, et l'échelle du bord est retirée. Quelques commandements brefs partent de la passerelle, puis l'Antarctic prend son aire sur l'eau grise vers les glaces australes.
De Göteborg, nous faisons route vers Sandefjord, le principal port norvégien d'armement pour la chasse à la baleine et au phoque, où nous devons récupérer une partie de notre équipement.
Je me sépare à regret de mon principal collaborateur, M. Johan Gunnar Andersson, retenu en Suède par ses études à l'université. Dans trois mois, lorsque cet excellent ami aura pris ses grades, il rejoindra l'expédition aux Falkland, où elle doit relâcher après m'avoir débarqué dans l'Antarctique.
Tandis que le navire traverse la Manche et se dirige vers Falmouth, je fais un rapide aller-retour à Londres pour conférer avec les organisateurs de l'expédition antarctique anglaise, et avec M. Bruce, qui doit diriger une exploration écossaise dans des parages voisins des nôtres. Je désire m'entendre avec mon confrère d'Édimbourg pour le cas où un accident nous arriverait. Prévoir les pires éventualités est, pour un explorateur, le commencement de la sagesse. Je croyais alors prendre une simple mesure de précaution et j'étais loin de me douter qu'elle faillit ne pas être inutile.
La Société de géographie de Londres m'accueillit chaleureusement et, après un cordial déjeuner auquel son président, sir Cléments Robert Markham, avait convié un groupe de géographes des plus distingués, je ralliai l'Antarctic à Falmouth.
Dans ce port, le navire doit embarquer cent vingt-cinq tonnes de charbon et, avant de nous lancer sur l'océan, nous devons encore procéder à l'arrimage des mille colis plutôt encombrants. Pendant plusieurs jours, nous travaillons comme des nègres, les naturalistes aussi bien que les matelots.
Il importe que chacun connaisse la place des instruments dont il pourra avoir besoin en cours de route et les installe à portée de main. Pendant cette opération, le navire offre le spectacle du plus épouvantable désordre, et l'équipage celui d'une saleté sordide. Nos visiteurs n'ont pas dû se faire une idée très favorable de la propreté suédoise.
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EAN
9782916552361
Caractéristiques
EAN | 9782916552361 |
---|---|
Titre | Vingt-deux mois dans les glaces |
Auteur | Nordenskjöld Otto - Rabot Charles |
Editeur | PAULSEN |
Largeur | 156mm |
Poids | 480gr |
Date de parution | 01/05/2013 |
Nombre de pages | 328 |
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