Que deviennent les enfants quand la nuit tombe ?
Nozière Jean-Paul
THIERRY MAGNIER
2012.
Nous habitions la ferme depuis deux ans quand c'est arrivé. Je n'oublierai jamais cette journée, même si je dois vivre mille ans. La ferme n'en était plus une depuis longtemps. Quand mes parents ont acheté les bâtiments, pour une bouchée de pain, seuls les murs tenaient debout. Et encore. Mais il y avait beaucoup de terrain autour et papa disait qu'on pouvait faire quelque chose de sensationnel de la propriété.
- Il va falloir se retrousser sérieusement les manches et ne pas se montrer fainéants! s'était-il exclamé, en shootant nerveusement dans une des nombreuses touffes d'orties qui envahissaient la cour.
Il s'était tourné vers moi, les sourcils en accent circonflexe, son regard évaluant à la fois la minceur excessive de mon corps de fille de quatorze ans et mes aptitudes à un travail de maçon. Mon père estimait que je m'intéressais trop aux mannequins des magazines de mode.
- Tes jolies mains vont déguster, Bertille. Je crois que nous devrions commencer par nous munir d'une collection de gants blindés.
«Gants blindés» était son genre d'humour!
- Les miennes ne risquent rien? avait riposté Mélinda, ma mère, en levant les yeux vers les fenêtres de l'étage où ne subsistait plus une seule vitre. Je me demande si on a bien fait d'acheter cette ruine. Arthur, mon chéri...
- Les mains d'une instit sont sacrées et nous les utiliserons le moins possible, avait coupé papa, se gardant de commenter le bien-fondé de leur acquisition.
C'était trop tard.
La propriété se composait de deux bâtiments posés au centre d'un vaste terrain lui-même entouré de prés. La ferme proprement dite servait d'habitation et, en face, de l'autre côté de la cour, se dressait une grange, une construction presque aussi massive que l'autre, mais en plus mauvais état. L'ensemble se trouvait dans un hameau nommé le Val Brûlé, soit cinq maisons éloignées les unes des autres, environnées de champs et de forêts. Nous habitions à six kilomètres de Sponge, la ville la plus proche. J'écris «ville» pour ne vexer personne, car Sponge comptait à peine quatre mille habitants.
- Une région franchement comique! m'étais-je indignée, en débarquant la première fois au Val Brûlé.
Trois corbeaux, pas le moins du monde effrayés, déchiquetaient sous nos yeux, au milieu de la route, la dépouille écrasée d'une bestiole quelconque.
Nous habitions la ferme depuis deux ans quand c'est arrivé. Je n'oublierai jamais cette journée, même si je dois vivre mille ans. La ferme n'en était plus une depuis longtemps. Quand mes parents ont acheté les bâtiments, pour une bouchée de pain, seuls les murs tenaient debout. Et encore. Mais il y avait beaucoup de terrain autour et papa disait qu'on pouvait faire quelque chose de sensationnel de la propriété.
- Il va falloir se retrousser sérieusement les manches et ne pas se montrer fainéants! s'était-il exclamé, en shootant nerveusement dans une des nombreuses touffes d'orties qui envahissaient la cour.
Il s'était tourné vers moi, les sourcils en accent circonflexe, son regard évaluant à la fois la minceur excessive de mon corps de fille de quatorze ans et mes aptitudes à un travail de maçon. Mon père estimait que je m'intéressais trop aux mannequins des magazines de mode.
- Tes jolies mains vont déguster, Bertille. Je crois que nous devrions commencer par nous munir d'une collection de gants blindés.
«Gants blindés» était son genre d'humour!
- Les miennes ne risquent rien? avait riposté Mélinda, ma mère, en levant les yeux vers les fenêtres de l'étage où ne subsistait plus une seule vitre. Je me demande si on a bien fait d'acheter cette ruine. Arthur, mon chéri...
- Les mains d'une instit sont sacrées et nous les utiliserons le moins possible, avait coupé papa, se gardant de commenter le bien-fondé de leur acquisition.
C'était trop tard.
La propriété se composait de deux bâtiments posés au centre d'un vaste terrain lui-même entouré de prés. La ferme proprement dite servait d'habitation et, en face, de l'autre côté de la cour, se dressait une grange, une construction presque aussi massive que l'autre, mais en plus mauvais état. L'ensemble se trouvait dans un hameau nommé le Val Brûlé, soit cinq maisons éloignées les unes des autres, environnées de champs et de forêts. Nous habitions à six kilomètres de Sponge, la ville la plus proche. J'écris «ville» pour ne vexer personne, car Sponge comptait à peine quatre mille habitants.
- Une région franchement comique! m'étais-je indignée, en débarquant la première fois au Val Brûlé.
Trois corbeaux, pas le moins du monde effrayés, déchiquetaient sous nos yeux, au milieu de la route, la dépouille écrasée d'une bestiole quelconque.
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EAN
9782364742277
Caractéristiques
EAN | 9782364742277 |
---|---|
Titre | Que deviennent les enfants quand la nuit tombe ? |
Auteur | Nozière Jean-Paul |
Editeur | THIERRY MAGNIER |
Largeur | 140mm |
Poids | 346gr |
Date de parution | 15/03/2013 |
Nombre de pages | 22 |
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