L'Ecole d'optique de Morez. Lycée Victor Bérard

Poupard Laurent - Sancey Yves

LIEUX DITS

L'ÉCOLE D'OPTIQUE DEMOREZ

Lycée Victor Bérard

Le 18 juin 1933, à 9 h 30, la foule se masse devant l'hôtel de ville de Morez afin d'écouter l'ode composée par H. Moratin pour l'inauguration de l'École nationale professionnelle d'optique, actuel lycée polyvalent Victor Bérard.

Si vous n'savez pas c'que c'est qu'un'lunette, Allez à Morez vous trouv'rez du choix [...] Si vous n'savez pas c'que c'est qu'l'horlogerie, Allez à Morez vous s'rez épaté [...]
Ces paroles glorifient les industries locales, pour lesquelles est créé l'établissement. Horlogerie puis lunetterie fondent en effet l'identité - et la fortune - de la ville et la densité du tissu industriel justifie amplement l'existence de l'école.

MOREZ, PREMIÈRE VILLE INDUSTRIELLE DU JURA

Lorsque Armand Audiganne écrit en 1864 «le génie du travail règne à Morez en maître absolu; il y a tout créé», il énonce une évidence pour celui qui visite cette ville. Celle-ci trouve son origine, au 15e siècle, dans l'installation de quelques établissements hydrauliques sur la Bienne, au fond d'un vallon sauvage et reculé, écrasé par les montagnes et les forêts de sapins environnantes.
La vocation du lieu est la métallurgie; clouteries, forges, martinets et autres taillanderies se multiplient au 16e siècle. Au 18e siècle, trois industries prennent leur essor: la fabrication du fil de fer, l'horlogerie et une activité «dérivées» l'émaillerie. C'est l'horlogerie qui, implantée à Morbier vers 1660, va faire de Morez une petite ville, passant d'un millier d'habitants à la Révolution à près de 5 500 à l'époque où Audiganne écrit. Mais la production s'essouffle vers la fin du 19e siècle. Si elle est de 132 000 pièces en 1867 - dont 100 000 horloges comtoises et d'édifice, 4 000 pendules à ressort et 3 000 petites horloges -, elle ne se monte plus en 1901 qu'à 73 500 pièces - dont 35 000 horloges et 25 000 pendules à ressort. En cause: un désenclavement ferroviaire tardif, la saturation du marché et la concurrence des produits plus bas de gamme de la Forêt-Noire (Allemagne). Ce déclin de l'horlogerie est cependant compensé par l'expansion de la lunetterie, apparue en 1796. La production du canton est de 2 500 à 3 000 paires en 1827, de 960 000 paires (lunettes et pince-nez confondus) en 1846, de 12 millions de pièces en 1901. Cet essor s'explique en partie par le système productif utilisé, repris de l'industrie horlogère: l'établissage. La fabrication est divisée en de multiples «passes» (opérations) - entre 100 et 200 pour une monture métallique - qui peuvent s'effectuer à domicile pour le compte d'un négociant, lequel se charge du montage et de la commercialisation. Avec 1 320 lunetiers en ville en 1911 (auxquels s'ajoutent les 1 000 à 1 200 de la campagne avoisinante), Morez devient «le grand centre européen de la lunetterie». En 1929, avec un effectif de 3 800 lunetiers dans le canton (dont 2 500 en ville) et une production atteignant les neuf dixièmes de la production nationale, l'industrie lunetière affiche une prospérité insolente. Prospérité en partie due à son école professionnelle qui, outre des techniciens, forme la grande majorité des opticiens français au contact de la clientèle.

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EAN
9782362190643
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