AUX SOURCES DE LA LITURGIE

PRIGENT, PIERRE

OLIVETAN







Extrait

Vous avez dit : Liturgie ? Introduction Le mot grec leitourgia et le verbe qui lui correspond sont formés à partir de deux racines accolées (leiton, ce qui est public, et ergon, oeuvre), d'où un sens littéral : travail (travailler) pour le peuple. Dans la société hellénistique, cela désigne un service public assumé par un notable fortuné soit à son initiative (propagande), soit en réponse à la décision d'une assemblée municipale ou provinciale. C'est ainsi qu'un individu peut prendre en charge l'organisation et le financement d'une fête, de jeux dans le stade, de travaux d'embellissement, de voirie etc. Avec le temps, le sens s'élargit jusqu'à signifier : service, servir ; et de ce fait, il peut (mais c'est rare) se référer à des cérémonies ou des cultes religieux. C'est cependant cet usage exceptionnel qui a poussé les traducteurs de l'Ancien Testament en grec à privilégier les mots de cette famille pour parler du culte rendu au Dieu d'Israël. Peut-être avec l'idée sous-jacente que le culte est le service le plus éminent que l'on rend à Dieu au nom du peuple. Toutefois, l'amorce d'une évolution peut être observée : dans le livre tardif de la Sagesse, le «service» d'Aaron est décrit comme un ministère chargé de présenter des prières et de faire brûler de l'encens en guise de sacrifices d'expiation. Du culte, n'est retenu alors que l'aspect le plus spirituel. Les premiers chrétiens sont naturellement influencés par l'usage de la Bible grecque. L'épître aux Hébreux parle régulièrement des liturgies sacerdotales de l'ancienne alliance. Luc appelle liturgie le service du prêtre Zacharie au temple. Il est souvent dit que l'apôtre Paul emploie le mot dans son sens premier lorsqu'il parle 4 de la collecte pour l'Église de Jérusalem comme d'une liturgie. La chose n'est pas exclue, mais il convient de noter que l'idée maîtresse de l'apôtre est de conduire les Églises grecques à manifester ainsi leur communion avec leurs frères afin que le culte rendu à Dieu soit en tout lieu aussi riche. Dans l'épître aux Philippiens, Paul envisage l'éventualité du martyre en l'assimilant à un culte sacrificiel en faveur de la communauté chrétienne de Philippes. Le mot trouve décidément sa place dans le vocabulaire des premières Églises : c'est au cours d'une «liturgie» que le saint Esprit dit à l'Église d'Antioche d'envoyer Paul et Barnabe en mission. Cette liturgie qui introduit jeûne et prière est sans doute un culte eucharistique. Après le Nouveau Testament, le mot connaît une double évolution : servir Dieu, c'est d'abord lui être fidèle. L'accent est alors mis sur la spiritualisation ou la moralisation du concept. Ainsi en va-t-il dans la première épître de Clément et dans le Pasteur d'Hermas. Un autre accent se décèle, promis à un développement considérable : le mot arrive au christianisme marqué de théologie cultuelle et donc ministérielle, il va donc tout naturellement passer au culte chrétien et aux ministres qui y président. Ainsi Clément de Rome dit-il que les évêques, les presbytres (prêtres) et les diacres sont les successeurs des prêtres de l'ancienne alliance. On en arrive donc très tôt au sens que nous connaissons aujourd'hui : la liturgie, comme le culte, désigne un service religieux et plus spécialement son déroulement en paroles et en gestes. Notre enquête va donc s'orienter pour suivre cette piste.



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EAN
9782354791292
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