Les premiers symboles chrétiens

Prigent Pierre

OLIVETAN







Extrait

Introduction Le mot «symbole» vient d'un verbe grec (syn-ballô) qui signifie «jeter ensemble, réunir, assembler». Le symbole est donc un objet, un animal, un personnage à la réalité physique ou virtuelle à quoi une société humaine ajoute, par convention, une valeur ou un sens. Ainsi, le drapeau est pour nous un symbole de la patrie et la balance symbolise la justice. Les symboles sont donc étroitement liés au contexte socioculturel, qu'ils soient d'expression textuelle ou figurative. Puisqu'ils veulent renvoyer à autre chose que ce que disent les mots ou montrent les images, il faut que ce premier degré de signification soit spontanément reconnu comme évoquant un au-delà du sens apparent. Faute de quoi ils ne sont perçus que comme exprimant des réalités communes et souvent bien plates. Or le code implicite, partagé par un milieu, une classe, une région, une foi, une histoire, est de nature éphémère, lié qu'il est à un mode de vie et de penser. Ainsi, il est évident qu'une civilisation exclusivement terrienne ne privilégiera pas un éventuel symbolisme du navire, de la mer et de la navigation (voiles, rames, gouvernail, gréement, phare, naufrage, etc). Une société habituée à célébrer des repas funéraires donnera quant à elle facilement une valeur symbolique aux images de banquets. Il n'est donc pas de bonne méthode d'élaborer un dictionnaire général des symboles, ni même de le faire en limitant l'enquête au christianisme. Il faut fixer un cadre historique et géographique un peu plus contraignant. C'est pourquoi l'objet de la présente enquête ne porte que sur le christianisme ancien. Encore faut-il préciser que cela englobe approximativement les cinq et six premiers siècles. C'est le moment le plus fécond de la production patristique et c'est alors que le premier art chrétien apparaît et se développe. L'enquête porte nécessairement sur deux types de documents : en premier lieu les écrits des Pères contiennent de fréquents développements dégageant la valeur symbolique de personnes, d'actions, d'animaux ou d'objets. Cela se lit dans des traités doctrinaux, des commentaires bibliques, des prédications, des prières, des liturgies et des poèmes. Ensuite il faut examiner tout aussi sérieusement le monde des images : fresques et peintures des catacombes, mosaïques des églises, sculptures, notamment sur les sarcophages et plaques funéraires. En ce domaine la méthode doit être particulièrement exigeante. Il faut se garder de toujours chercher dans les textes l'explication des images. C'est parfois une interprétation qui s'impose, mais la preuve doit en être chaque fois apportée. A priori, il convient de poser que les textes et les images appartiennent à deux mondes qui ne coïncident pas forcément. Les Pères sont des théologiens, même quand ils exercent aussi des responsabilités de pasteurs de communautés. Pour les images, les choses sont moins simples : leur conception (c'est-à-dire les commandes passées aux artistes/artisans) est parfois nettement influencée par des idées et des pratiques s'inspirant davantage de la piété populaire, fût-elle marquée de paganisme, que de haute théologie. De plus, la réalisation est confiée à des ateliers dont les habitudes et les préférences influencent évidemment les réalisations. Par ailleurs, en ce qui concerne les sarcophages, nous savons qu'ils étaient souvent fabriqués à l'avance et proposés à l'acheteur pratiquement achevés. Dans ce cas le sarcophage esquissait, au sein de scènes traditionnellement reçues comme convenant à ce genre de monument, la silhouette du ou des défunts, permettant à l'acheteur de faire sculpter au dernier moment leurs portraits ressemblants. Chaque document, de quelque genre qu'il soit, doit donc être analysé pour lui-même et sans a priori. L'ensemble des textes et des images forme une masse documentaire aux dimensions redoutables. Si le champ de la littérature a été souvent labouré, rendant ainsi la moisson assez facilement accessible, l'iconographie est une discipline moins commune, mais tout aussi exigeante, afin d'éviter les jugements fondés sur de seules impressions subjectives. Ainsi définie, la tâche est immense. J'ai travaillé de mon mieux mais accepte d'avance les critiques qui me reprocheraient d'avoir omis tel document, qu'il soit d'ordre textuel ou figuré.



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EAN
9782354791933
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