Questions de forme. Logique et proposition analytique de Kant à Carnap

Proust Joëlle

FAYARD

Comment écrire l'histoire de la philosophie ? Doit-on retracer le développement linéaire d'un concept ? Doit-on au contraire s'attacher au cheminement discontinu d'une problématique, démêler la reprise d'anciens présupposés et l'invention de nouveaux modes de raisonnement ? Ainsi du concept d'analyticité. Une des idées les plus révolutionnaires et les plus contestées du Cercle de Vienne fut que la philosophie ne traite pas d'objets connus a priori, ni de contenus d'expérience donnés, mais de formes de discours. Tous les énoncés philosophiques sont donc analytiques, comme ceux de la logique et des mathématiques, et leur validité dépend uniquement des règles logiques du langage utilisé. L'importance donnée, dès lors, aux propositions analytiques afin de penser la philosophie — mais également ce qui fait l'unité de la science — prend tout son relief quand on se souvient que Kant avait cru devoir confiner les jugements analytiques à de simples produits de la pensée d'entendement, c'est-à-dire d'une dimension classificatoire mais stérile de la cognition. Joëlle Proust prend la mesure de cette révolution en montrant comment, de Kant à Bolzano et Frege, de Frege à Carnap, la logique formelle étend sa juridiction au point de battre la logique transcendantale sur son propre terrain. La mise en parallèle des définitions successives du concept d'analyticité, réinscrites dans le système dont chacune dépend, conduit à une écriture originale de l'histoire de la philosophie : cherchant à dégager les enjeux propres à chaque usage de l'analyticité, elle révèle les traits communs à des problématiques apparemment très diverses. L'histoire de la philosophie devient une "topique comparative" : reconstruction des arguments et analyse des conditions particulières de leur acceptabilité.
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EAN
9782213018447