Les banques centrales dans la tempête. Pour un nouveau mandat de stabilité financière

Ragot Xavier

ULM

Extrait de l'introductionLes banques centrales sont en principe les gardiennes silencieuses de la stabilité économique: stabilité des prix, stabilité du système de paiement et stabilité du système bancaire. Ces différentes fonctions sont apparues crise après crise. La pratique moderne des banques centrales est le fruit des leçons chèrement payées des crises bancaires du XIXe siècle et du début du XXe siècle. La Réserve fédérale américaine, la FED, a été créée en 1913 pour mettre fin à des crises bancaires cycliques. L'objectif actuel d'inflation faible visé par les banques centrales est une leçon des années 1970 pendant lesquelles l'inflation était forte et la croissance faible. Dans les années 1980, le coût en termes de chômage et de croissance de l'effort de diminution de l'inflation a fait prendre conscience des mérites d'une inflation stable et modérée. A n'en pas douter, la crise financière commencée en 2007 sera une nouvelle étape de la définition du rôle des banques centrales dans l'économie. Il est peu probable en effet que les démocraties acceptent une nouvelle fois de consacrer autant d'argent à sauver des acteurs financiers qui ont été à l'origine de la crise. La réglementation financière va changer, tout comme le rôle des banques centrales.Avant la crise, la fonction des banques centrales pouvait paraître assez simple. Elles modifiaient leurs taux directeurs, c'est-à-dire les taux auxquels les banques se prêtent de l'argent entre elles, en fonction de l'inflation anticipée et de l'activité économique, suivant leur mandat. La crise a tout bouleversé. Les banques centrales ont mis en place, dans l'urgence, de nouveaux outils pour éviter la désagrégation du système financier. Elles ont dû gérer à la fois des crises bancaires, l'implosion de certains marchés essentiels au fonctionnement de l'économie, les difficultés de financement de la Grèce et de l'Irlande, les risques de récession et, évidemment, les risques de déflation ou d'augmentation de l'inflation. Reconnaissons que cela fait beaucoup pour une seule institution.Aujourd'hui que le rôle des banques centrales, notamment leur détention des dettes publiques, est devenu plus visible, nombre d'économistes se demandent si leur mandat ne devrait pas évoluer. Ainsi, la Banque centrale européenne (BCE) est principalement la gardienne de la stabilité des prix, avec une inflation faible, proche de 2 %; or son action durant la crise a eu une portée bien plus large, comme nous le verrons plus loin. Cependant, un rapport récent du Centre d'analyse économique"sur les banques centrales et la stabilité financière montre des divergences entre les économistes. Si certains continuent d'insister sur le rôle clé de la stabilité des prix dans le mandat des banques centrales, d'autres estiment qu'elles doivent peser sur la stabilisation macroéconomique et financière.Les marchés financiers étant aujourd'hui instables, on ne peut écarter l'idée qu'ils développeront de nouveau les germes d'une crise future. Face à un tel risque, les banques centrales doivent désormais être en charge de la stabilité financière et de la stabilité globale de la liquidité dans l'économie. Même si de nouvelles institutions sont en cours de création afin d'assurer la stabilité financière et le financement des États, les banques centrales auront toujours un rôle décisif dans cette stabilité par leur capacité à créer de la monnaie et donc de la liquidité."

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EAN
9782728804719
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