Genre et socialisation de l'enfance à l'âge adulte. Expliquer les différences, penser l'égalité
Extrait de l'introduction de Véronique Rouyer, Sandrine Croity-Belz et Yves PrêteurSocialisation de genre: le point de vue du sujetC'est sous l'égide de l'idéal égalitaire sur lequel reposent les valeurs affichées de notre société contemporaine, que l'on assiste, depuis quelques années déjà, à des changements liés aux rapports entre les sexes et aux rôles des hommes et des femmes dans la société. Le souci de parité, de réduction des discriminations entre les sexes, et plus généralement d'égalité des conditions, a suscité la publication de nombreux travaux et analyses ces quarante dernières années. C'est de façon plus prononcée ces vingt dernières années, que la question du genre et des rapports sociaux de sexe a particulièrement interpellé des disciplines telles que la sociologie, l'histoire ou les sciences de l'éducation. Le genre est ainsi devenu une catégorie d'analyse centrale dans les sciences humaines et sociales, conduisant à effacer quelque peu la catégorie des classes sociales, si présente jusqu'alors (Pfefferkorn, 2007a). Ces publications ont permis de mettre au jour la dynamique des rapports sociaux de sexe qui continuent d'exercer leurs effets sur la construction des identités sexuées, en dépit de l'évolution socioculturelle (Bihr et Pfefferkorn, 2002; Hurtig et coll., 2003; Löwy, 2006; Löwy et Marry, 2007). «L'arrangement des sexes» (Goffman, 2002), en ce début de XXIe siècle, n'en reste pas moins marqué par les inégalités persistantes entre les hommes et les femmes, les filles et les garçons (Milewski, 2005). Les travaux menés en sociologie permettent d'éclairer les logiques socioculturelles et structurelles, ainsi que les mécanismes sociaux et relationnels à l'oeuvre dans le genre. De cette façon, ils permettent de «penser le genre comme un processus et non comme un donné naturel» (Guionnet et Neveu, 2009; Pfefferkorn, 2007a). C'est à travers le processus de socialisation différenciée, ou socialisation de genre, que l'individu est amené à intérioriser les normes et les codes sociaux relatifs au masculin et au féminin, et que les identités sexuées des personnes des deux sexes se développent. Ce versant de l'acculturation est fort bien documenté, en particulier en ce qui concerne les questions de production et de reproduction au coeur des débats sur l'égalité hommes-femmes (Blöss, 2002; Dafflon Novelle, 2006; Guionnet et Neveu, 2009; Laufer et coll., 2001; Maruani, 2005). Les travaux auxquels nous faisons référence rendent compte des modalités de construction des trajectoires différenciées des filles et des garçons, des femmes et des hommes, et de leurs effets, tant au niveau individuel que collectif, en termes notamment de rapports sociaux de sexe. Pour autant, peu de place est laissée au sujet dans cette perspective sociologique de l'acculturation: celui-ci semble restreint à construire passivement, ou devrions-nous dire, à intérioriser ces rôles de sexe en fonction des codes et normes du masculin et du féminin, véritable «prêt-à-porter» du genre. Entre déterminisme biologique (le sexe) et déterminisme social (le genre), les individus des deux sexes semblent avoir peu de marges de manoeuvre, reproduisant dans une logique implacable le genre: au plan individuel de l'identité sexuée, et au plan sociétal en termes de rapports sociaux de sexe. Pourtant, au regard des changements socioculturels, le pluriel semble s'imposer, comme l'illustre le titre de l'ouvrage Féminins, masculins. Sociologie du genre (Guionnet et Neveu, 2009): le féminin et le masculin seraient pluriels, et non plus ces entités singulières et immuables. Mais la logique des rapports sociaux de sexe perpétue les inégalités, celles-ci se déplaçant: exemples bien connus de la réussite scolaire des filles, ou de l'accession croissante des femmes dans le domaine professionnel, qui pour autant ne s'accompagnent pas d'une mobilité professionnelle ascendante, en raison notamment de la demande - implicite et marquée du sceau de l'histoire - qui est adressée aux femmes - et non aux hommes - de concilier famille et travail (Junter-Loiseau, 1999; Revillard, 2006). Ainsi, on ne peut que partager le constat de Pfefferkorn (2007a) sur «la nature contradictoire et variable des changements» socioculturels relatifs à l'égalité des sexes, et ce d'autant plus si l'on considère les effets des différents milieux socioculturels: le genre n'a pas non plus le même impact, notamment en termes de pression à la conformité aux rôles de sexe, et de tolérance à la transgression, selon que l'on grandit dans un milieu populaire ou aisé par exemple.
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EAN
9782749212937
Caractéristiques
EAN | 9782749212937 |
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Titre | Genre et socialisation de l'enfance à l'âge adulte. Expliquer les différences, penser l'égalité |
Auteur | Rouyer Véronique - Croity-Belz Sandrine - Prêteur |
Editeur | ERES |
Largeur | 160mm |
Poids | 392gr |
Date de parution | 28/10/2010 |
Nombre de pages | 238 |
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