Erased Tome 1

Sanbe Kei

KI-OON







Revue de presse

Critique 1 Ki-oon est fidèle à ses auteurs, ainsi il paraissait logique que le nouveau titre de Kei Sanbe sorte en France chez cet éditeur, d'autant que l'auteur possède un talent certain qui n'est plus à prouver. Malgré un changement de ton flagrant, Sanbe reste fidèle à ses premiers amours et conserve une note de fantastique pour nous plonger dans un thriller nous réservant bien des surprises, et pour cela il ne faudra pas attendre longtemps, ce premier tome en fourmille ! Satoru est un jeune homme de vingt-huit ans tentant désespérément de faire une carrière de mangaka. Et malgré une petite carrière peu fructueuse, il n'arrive pas à percer, ayant comme retour des éditeurs qu'il manque de passion, ce qui est effectivement le cas. Satoru n'est pas à proprement parler un associable, mais il est taciturne et ne se sent pas spécialement à l'aise avec les gens, se demandant en permanence les raisons de leurs agissements, laissant peu de place à la spontanéité. En attendant une hypothétique carrière, il est livreur de pizzas, ce qui ne le passionne guère. Mais il possède également un étrange pouvoir, qu'il perçoit comme une malédiction, qu'il ne semble pas contrôler : lorsqu'un drame se produit proche de lui, il revit inlassablement la scène jusqu'à ce qu'il trouve la cause de l'accident pour pouvoir y remédier, ce qu'il fait toujours à contrecœur, cette capacité lui entraînant plus de problèmes qu’autre chose. Mais son dernier « revisionnage », s'il lui a valu un séjour à l’hôpital, a aussi contribué à provoquer un rapprochement avec une charmante collègue, ainsi que la venue de sa mère qu'il considère envahissante. C'est alors que les choses vont s’enchaîner et prendre des proportions incroyables… On retrouve la patte de l'auteur et ses ambiances si caractéristiques, angoissantes et inquiétantes, et ici il arrive à reproduire cette inquiétante étrangeté alors qu'en apparence il n'y a aucune raison...en apparence. Ici nous aurons donc à faire à un thriller psychologique oppressant avec une pointe de fantastique et des allers et retours dans le temps...par le biais de la mémoire ou bien plus réelle, et c'est ce qui apporte tant de mystère au titre. Le concept en lui-même a quelque chose de fascinant, après tout qui n'a jamais rêvé de revivre certains événements pour corriger le passé ? Pour autant Kei Sanbe n'invente rien, cette idée a déjà été vue auparavant, on pense notamment à l'exceptionnel « Un jour sans fin » du regretté Harold Ramis. Mais alors qu'on pense que le titre va tourner autour de ça, l'auteur nous entraîne dans de nouvelles directions inattendues au vu de l'entrée en matière. Suite à l'accident provoqué par son intervention pour sauver un enfant, Satoru se remémore des événements de son enfance qu'il avait pensait il oublier. Des souvenirs d'enfance refoulés reviennent à la surface, des souvenirs dérangeants d'enfants morts, d'enlèvements et de tortures...il comprend alors que ces souvenirs ont été refoulés à dessein, sa mère et ses professeurs de l'époque ayant tout fait pour que lui et d'autres enfants oublient ces événements traumatiques. Obsédé par ces souvenirs, Satoru va tout faire pour se forcer à se rappeler son enfance, ses amis de l'époque, et les drames qui sont survenus. On plonge alors en plein dans le thriller psychologique ou passé et présent se mêlent. Mais pourquoi se rappeler de ça maintenant ? Y a-t-il un lien avec son pouvoir ? Sans le vouloir, son passé va ainsi le rattraper et ses proches y seront mêlés. Ici la relation avec sa mère est extrêmement bien construite. Alors qu'on ne sent pas un lien fort entre eux, tous deux étant particulièrement indépendants, Satoru comprend que sa mère a joué un rôle essentiel dans le refoulement de ses souvenirs dans l'unique but de le protéger. Une relation ambiguë va alors apparaître entre une affection silencieuse et un ras-le-bol d'une présence non souhaitée, mais appréciée malgré tout. Mais le souvenir n'est pas qu'un souvenir, et les événements se reproduisent alors que cela aurait du être terminé. On entre alors dans un pur thriller sanglant avec un criminel mystérieux cherchant à protéger son identité et une course à la vérité qui s'engage, mais elle aura un prix lourd et malheureux ! A ce stade on est totalement absorbé par le récit que l'auteur manie d'une main de maître, alternant questionnement et révélation à un rythme suffisamment soutenu pour que le lecteur ne lève pas les yeux du volume. Et c'est justement quand on pense qu'on comprend où l'auteur avait voulu nous entraîner depuis le début, qu'on subit un ultime choc, une dernière surprise qui va tout remettre en question et nous entraîne dans une direction totalement différente de celle qu'on pensait emprunter. Le volume se conclut là-dessus et là le lecteur est saisi par un sentiment rare : il s'est fait balader depuis le début, n'a pas réellement compris ce qui lui est arrivé, mais il a adoré ! N'est-ce pas ce qu'on demande à un auteur ? De nous entraîner dans son univers sans qu'on ait le temps de se poser des questions. C'est effectivement ce qu'on vit en lisant ce premier tome. Une des grandes forces du récit, c'est Satoru, le personnage principal. Ici pas de héros au courage infini, pas non plus d'individus aux lourdes pathologies souffrant de solitude atroce...non Satoru est un homme ordinaire, ayant une vie ordinaire, loin d'être passionnante, mais pas totalement ratée non plus, il est comme n'importe qui. Ici Kei Sanbe casse les codes et nous propose un personnage normal, banal. Certes il possède ce pouvoir, mais Satoru le subit plus qu'autre chose (et puis il fallait bien avoir des choses à raconter). Graphiquement, si on reconnaît sans peine le style de l'auteur, force est de constater que ce n'est pas son point fort. Si les personnages sont expressifs, tous les visages se ressemblent, les yeux sont disproportionnés… Mais l'auteur se rattrape nettement dans la narration alternant rythmes lents ou soutenus pour mieux nous plonger dans son récit. Un premier tome passionnant, rien de moins, il y a bien longtemps qu'une série n'avait pas aussi bien commencé, il y a bien longtemps qu'un premier tome ne s'était pas montré aussi stimulant et intrigant ! La claque de l'été ? Sans aucun doute !(18/20) Critique 2 Dans le catalogue des éditions Ki-oon, s'il y a bien un auteur qui a su trouver un public fidèle c'est Kei Sanbe ! Après L'île de Hozuki et Le Berceau des esprits, deux thrillers horrifiques et assez sanglants, l'auteur nous présente Erased, un thriller dont l'enjeu est le temps, plus précisément les liens entre le passé et le présent... Erased nous emmène à suivre Satoru Fujinuma, jeune adulte qui travaille comme livreur de pizza le jour et se concentre sur ses activités de mangaka le soir. Plutôt renfermé sur lui-même tout en restant très observateur des gens qui l'entourent, Satoru a une vie assez monotone sans grand espoir, mais possède un don très particulier : dès qu'a lieu un incident près de lui, il réussit à se projeter quelques minutes dans le passé afin de réparer ladite tragédie. Mais un jour, alors qu'il veut éviter un accident, il devient lui-même une victime et percute une voiture de plein fouet ! Après ce choc, les souvenirs de son enfance reviennent petit à petit, illustrant une époque traumatisante de sa vie... Le premier constat qui nous saute aux yeux à la lecture de ce titre si on a lu les précédents de l'auteur, c'est la différence du ton et du rythme. Ici déjà nous avons droit à un personnage adulte (ceux-ci incarnant souvent les méchants dans les autres séries de l'auteur) et, fait assez rare dans les mangas, le héros connaît déjà son pouvoir tout en sachant l'utiliser dès le départ. Au fil des pages, nous comprenons donc vite quel type de personnage est Satoru, à savoir quelqu'un d'assez pessimiste, mais qui reste très curieux et qui ne peut s'empêcher d'utiliser son talent étrange dans de nombreuses situations. Un gros point fort du manga est la mise en avant de cette capacité : il arrive souvent que notre héros refasse plusieurs fois la même scène à la suite afin de trouver l'élément perturbateur qui va provoquer une tragédie. Mais tout le manga ne repose pas sur ça, d'ailleurs ce pouvoir est plutôt comme une clé de compréhension à une grosse énigme qui se met petit à petit en place. Au fur et à mesure que l'on tourne les pages, on se rend compte que Satoru a eu une enfance très perturbée et que sa mère avait notamment quelques soucis, mais lui bien trop jeune pour comprendre ces problèmes ne se souciait guère de tout ceci. D'ailleurs, il faut bien avouer que l'histoire se met assez lentement en place : bien que le début intrigue, on peine à savoir vers quoi l'auteur veut réellement nous mener. Mais justement, lorsqu'on arrive vers les derniers chapitres, le climax monte et tout commence à se goupiller ensemble, rendant ainsi bien plus claire la lecture. Ce qui donne envie d'en savoir plus en fait, c'est le fait de se demander comment Satoru, par le biais de son pouvoir, va chercher à reconstituer les bribes de son passé et répondre à certaines de ses questions; ainsi nous-mêmes lecteurs nous allons découvrir peu à peu qui est réellement ce personnage. Outre Satoru, d'autres personnages apportent beaucoup au récit, notamment Airi, jeune lycéenne qui livre elle aussi des pizzas et qui devient vite attachante avec sa tête en l'air. La mère de Satoru a aussi sa part de mystère tout comme cet homme qui semble la regarder de loin, telle une vieille connaissance... En clair, Erased cache encore beaucoup de choses pour lui qui risque de surprendre le lecteur par la suite. Si la lecture est un petit peu étrange au début, elle se clarifie peu à peu pour nous présenter une histoire ainsi qu'une intrigue toutes deux surprenantes et dont on veut voir ce qu'il se cache réellement derrière. Quand on sait d'ailleurs comment Kei Sanbe sait manier le suspens, on peut se douter que la suite a des chances de nous rendre accros ! Au niveau du dessin, l'auteur est toujours fidèle à son trait très vite reconnaissable et très attachant pour ce genre de récit. Heureusement il s'est calmé sur le fan service pour l'instant et c'est tant mieux, car ça ne collerait pas du tout au titre (ça n'apporterait vraiment rien en tout cas...). L'édition de Ki-oon est elle toujours de bonne qualité avec aucune remarque particulière à faire, si ce ne sont les quelques pages couleurs du début de volume dont on peut être content d'avoir. C'est donc un bon départ pour Erased sur de bien nombreux points, mais la suite risque d'être encore plus captivante ! (15/20) Critique 3 D'abord découvert en France avec les sympathiques mais incomplets Testarotho et Kamiyadori, Kei Sanbe est ensuite devenu l'un des auteurs emblématiques de Ki-oon avec les séries L'île de Hozuki et Le Berceau des Esprits, et a eu tout le loisir de se tailler une honnête réputation de faiseur de séries à suspense angoissantes et à tendance fan service. C'est néanmoins avec une série visiblement autrement plus ambitieuse qu'il revient pour la troisième fois chez Ki-oon, comme le laissent penser la 2ème place d'Erased au prestigieux Manga Taisho Award de cette année (le vainqueur ayant été Bride Stories) ainsi que son synopsis de base, pas forcément très original (le voyage dans le temps a déjà été vu un paquet de fois) mais fichtrement alléchant. Erased nous plonge en 2006, dans le quotidien de Satoru Fujinuma, livreur de pizza à ses heures perdues, quand il n'essaie pas désespérément de devenir mangaka. Mais ses projets de manga sont sans cesse refusés. On ne ressent rien quand on les lit, paraît-il, puis il semble compromis de devenir mangaka à déjà 28 ans, et ses personnages sont peu intéressants... ce qui est sans doute vrai, Satoru ayant lui-même toutes les peines du monde à se montrer intéressant et, surtout, à s'intéresser aux autres. Effacé, blasé, il vit sans passion en posant sur le monde un regard dépourvu d'intérêt, si ce n'est pour maugréer intérieurement sur ceux qui l'entourent, entre un responsable éditorial qu'il trouve hypocrite, sa jeune et joviale collègue lycéenne Airi qui fait pourtant tout pour être sympathique, ou sa mère qui ne tarde pas à réapparaître dans sa vie en semant le désordre. Et pourtant, Satoru est loin d'être comme les autres, car en lui se cache un étrange pouvoir : à chaque fois qu’un incident ou une tragédie a lieu près de lui, il est projeté dans le passé, quelques instants avant le drame, pour empêcher l’inévitable avant qu’il se produise. Plutôt que d'en faire un don positif, il vit ça comme une corvée, ce qui ne l'empêche néanmoins pas de jouer les héros à chaque fois que ça arrive. Et c'est en jouant une énième fois les héros, pour éviter un accident de camion, qu'il est percuté violemment par un autre véhicule. Il s'en sort plutôt bien, mais depuis cet accident, de sombres souvenirs du passé, qu'il avait préféré oublier, refont surface, et prennent de plus en plus forme quand sa mère revient et au fil d'autres voyages dans le temps... Qu'on se le dise, dans ce premier tome Kei Sanbe prend tout simplement le temps de poser les bases de son histoire, et le fait de manière très convaincante. Pas forcément très vivant et s'emballant rarement (les quelques petits voyages dans le passé sont généralement vite réglés), ce début de série s'applique avant tout à présenter un personnage principal qui attire peu de sympathie. Comme dit plus haut, Satoru est un homme solitaire, s'intéressant peu aux autres et pouvant même être assez dédaigneux envers sa mère ou Airi, et menant au jour le jour une vie sans passion et désabusée, ses rares désirs (comme l'envie de devenir mangaka) ne décollant pas. Il paraît alors très difficile de s'intéresser à lui, c'est en tout cas ce qu'on se dit au début en le découvrant, mais c'est mal connaître l'auteur, qui s'avère excellent dans une narration très introspective, nous faisant profiter de toutes les pensées blasées et dédaigneuses de son personnage, ce qui fait réellement décoller son intérêt dès lors qu'il doit se confronter à des souvenirs d'enfance qu'il avait oubliés. Des souvenirs tragiques, ceux de disparitions successives d'enfants dont la petite Kayo, une camarade de classe qui était introvertie et dont l'entourage ne semblait guère rassurant (sa mère étant particulièrement glauque quand on la voit brièvement dans l'un des flash-back...). Ceux, aussi, liés au présumé coupable de ces enlèvements... mais était-ce vraiment lui ? Entre le présent en 2006 où Satoru connaît de brefs retours dans le passé, et des morceaux de flash-back sur son enfance au fur et à mesure que les souvenirs reviennent à notre personnage principal, Kei Sanbe gère extrêmement bien la notion de temps. Tout est clair, on ne s'emmêle jamais les pinceaux, et on se retrouve de plus en plus captivés par les souvenirs qui se dévoilent, d'abord nébuleux, puis de plus en plus clairs au fur et à mesure que Satoru se rappelle. Une excellente construction, qui sait entretenir l'aura de mystère, soulève bon nombre de questions (comment s'est déroulée la série d'enlèvements de son enfance ? Qui est réellement le coupable ? Quels tourments pouvaient bien habiter la renfermée Kayo avant qu'elle ne disparaisse ?) et captive de plus en plus au fil des pages, jusqu'à un rebondissement-choc, qui arrive au bon moment pour enfin précipiter les choses et aboutir sur une toute dernière page laissant sur un brillant suspense et faisant réellement décoller la série. Pour soutenir la tension et l'ambiance de son récit, Kei Sanbe peut toujours compter sur son trait assez épais et incisif, évite les élans de fan service de ses précédentes séries (les deux plus importants personnages secondaires, Airi et la mère de Satoru, auraient pu s'y prêter, mais ce n'est pas le cas, et les deux femmes s'avèrent même intéressantes dans leur façon d'être), et, en plus de la très bonne narration déjà évoquée, offre également un très bon sens du bouleversement. En prenant bien le temps d'instaurer le héros, l'ambiance et les mystères, Kei Sanbe réussit brillamment son coup : ce tome d'introduction, très bien construit et de plus en plus captivant au fil des pages, nous happe totalement dans ses dernières pages et annonce un thriller temporel bourré de promesses. L'édition proposée par Ki-oon est une nouvelle fois excellente : la couverture annonce de jolies choses, les pages couleur ont été conservées, l'impression est très bonne et la traduction ne souffre d'aucun problème. (16/20) Chroniqueur 3 : Koiwai (Critique de www.manga-news.com)



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EAN
9782355926990
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