Jean Baudrillard, la passion de l'objet

Sauvageot Anne

PU MIDI







Extrait

Extrait de l'introduction C'est l'objet qui nous voit, nous regarde, nous rêve, nous pense... L'objet, à travers son système, ses facéties, son étrangeté, sa disparition en même temps que son immanence, aurait-il tous les pouvoirs ? De sa production jusqu'à sa déréalisation, en passant par sa consommation et sa simulation, Jean Baudrillard n'a cessé de titiller l'objet - et ses doubles -, de le tourner et de le retourner, de le malmener et de le prendre en traître au cours du duel qu'il a engagé avec lui dans ses multiples ouvrages, essais et entretiens. Pour avoir toujours douté de sa réalité, Jean Baudrillard débusque ses subterfuges dès le début d'un parcours universitaire qu'il ne poursuivra pas, loisir de penser et d'écrire oblige. Détournés de leurs usages, les objets devenus marchandises se déploient en un «système cohérent de signes» que Jean Baudrillard, alors enseignant-chercheur en sociologie à l'université de Nanterre, perce à jour. S'engage dès lors, au travers d'écrits de plus en plus percutants, un jeu de piste à la poursuite des dérives d'une super-production d'objets-artefacts, relayée par une non moins gigantesque entreprise vouée à leur consommation. Échappés de leur valeur d'usage, les objets pouvaient-ils avoir d'autres en-jeux que leur sur-réification à travers leur publicisation et les effets de mode dont eux-mêmes devenaient les objets ? Suppléés par les images de leur consommation, ils se font alors gadgets et leur apparence l'emporte sur leur réalité. Premier acte. Ce ne sont donc plus seulement des objets dont il est question mais des images - les leurs -, comme toutes celles sans réfèrent produites désormais par le régime de la simulation que génère l'ère du numérique. Des images qui ne re-présentent rien, pas même les objets qui défilent sur les écrans, puisqu'elles sont le fruit d'algorithmes radicalement abstraits. De la mise en spectacle publicitaire des objets, du régime sémiologique qui la gouverne, Jean Baudrillard en annonce la fin, la fin de l'ère du symbolique au sein de laquelle le réel, les objets pouvaient encore s'échanger contre des signes, des codes, en bref contre leur représentation. L'avènement du virtuel opère une déréalisation radicale. Deuxième acte. Mais ce que célèbre la simulation partout présente - celle de l'ADN, des circuits neuronaux, du grain de matière, des fluides, des objets... - n'est pas tant l'anéantissement du réel que l'avènement de la Réalité Intégrale, autrement dit le pouvoir du modèle plus réaliste que la réalité, plus véridique que le vrai, plus illusionniste que l'illusion. La génération des modèles, modifiables, renouvelables et perfectibles à l'infini puisque fondés sur l'abstraction du langage numérique, ouvre l'accès à l'hyperréalité - une réalité plus vraie que nature puisque parfaitement immatérielle. Et si le virtuel annihile le réel, le crime demeurerait imparfait s'il ne s'accompagnait du meurtre de l'illusion constitutive de toute forme de réalité quelle qu'elle soit, cette illusion fondatrice qui lui colle à la peau. Troisième acte.



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EAN
9782810702961
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