Penser avec Marx aujourd'hui. Tome 2, "L'homme" ?

Dans le court chapitre final de Marx et nous, premier tome de ce Penser avec Marx aujourd'hui, j'annonçais que les suivants seraient consacrés tour à tour à l'exposé de «trois découvertes que j'ai cru faire - la première, dès les temps lointains où j'ai commencé à lire Marx - en marge, voire à contre-front de ce qui passait alors pour le marxisme», découvertes appelant à des recherches où je me suis trouvé engagé pour ma vie entière. (2321, p. 249) En développant les logiques de ces orientations de travail, ces trois tomes annoncés veulent donner à voir, dans les successifs domaines de la réflexion anthropologique, de l'activité philosophique et de la visée politique, ce que peut recouvrir le passage du «marxisme» - appellation dont j'ai dit en quoi elle me paraît devenue inutilisable - à ce que je nomme pensée-Marx, culture libérée de toute compulsion doctrinaire comme de tout fétichisme du label pour s'ouvrir au triple souci d'être plus authentiquement, plus inventivement, plus opératoirement marxienne.
La première de ces découvertes, d'enjeu immense, porte sur une question à la fois très spéculative et très populaire dont la recherche scientifique s'est récemment ressaisie, question marquée en sa formulation même par l'archaïsme de ce que la pensée classique appelait anthropologie philosophique et qui n'en fait pas moins retour aujourd'hui avec des airs de nouveauté - la question: Qu'est-ce que l'homme? Ce qu'il y aurait bien plutôt lieu d'écrire: Qu'est-ce que «l'homme»?, les guillemets attirant l'attention sur le caractère piégé et piégeant du mot - piégeant d'ailleurs, comme on va voir, bien au-delà de ce qu'on en aperçoit d'ordinaire. C'est de quoi s'occupe le présent volume: on se propose d'y faire valoir en sa fécondité impressionnante, et encore très souvent incomprise, ce qu'on peut appeler au sens le plus général de l'expression la perspective anthropologique marxienne.