Philosophie N° 85, Printemps 2005
Weber Max - Feuerhahn Wolf - Vioulac Jean - Kistle
MINUIT
Résumé :
Ce numéro s'ouvre par la traduction, due à W. Feuerhahn, de la seconde partie du premier article méthodologique de Max Weber, "Roscher et Knies et les problèmes logiques de l'économie politique historique", intitulée " Knies et le problème de l'irrationalité". Weber y critique la conception qu'a Knies des limites de l'intelligibilité en économie politique - limites qui tiennent, selon ce dernier, à la relativité historique et nationale, ainsi qu'à
l'irrationalité des comportements humains libres, qu'il oppose au caractère nomologique des processus naturels. Weber dénonce chez Knies une
confusion entre déterminisme causal et caractère nomologique, causalité et légalité, et s'oppose à tout repli des concepts épistémologiques d'explication et de compréhension sur l'opposition ontologique entre nature et esprit. Dans "Max Weber et l'explication compréhensive", W. Feuerhahn clarifie les enjeux de cette critique weberienne de Knies. Partant de la controverse traditionnelle "expliquer/comprendre", qui fait figure de topos de l'épistémologie des sciences de l'homme, il s'attache à relativiser la présentation de l'explication et de la compréhension comme méthodes inconciliables rapportées à des domaines ontologiques hétérogènes, et montre comment Weber refuse tout ancrage ontologique de l'opposition entre sciences nomologiques et sciences de la réalité dans les régions nature et esprit, pour
les déterminer par leurs visées épistémiques respectives, et fait place, au sein des sciences historiques de la culture, à la notion d'explication compréhensive qui concilie ces deux orientations.
Dans "Le visage défiguré", J. Vioulac entend dédouaner la pensée de Levinas de la double critique qui lui fut adressée : d'avoir été dupe de la morale, et d'avoir amorcé une tentative de dépassement de l'hégélianisme qui se serait soldée par un échec. Prenant le contre-pied du célèbre article " Violence et métaphysique " où Derrida affirmait que la relation à autrui thématisée par Levinas se réduisait à la dialectique intersubjective magistralement décrite par Hegel dans la Phénoménologie de l'esprit, J. Vioulac montre
comment cette dialectique subordonne intégralement la description phénoménologique à la logique, en réduisant le rapport à autrui à un moment interne au syllogisme de la conscience de soi ; et comment la subordination de l'individu à l'universel dans la philosophie hégélienne de l'État confirme sans équivoque le non-apparaître d'autrui comme tel à la conscience, l'impossibilité du face-à-face entre consciences, et le régime de violence propre à la métaphysique. Le numéro se clôt avec "La rationalité et la causalité dans le réalisme interne de Putnam", où M. Kistler part du constat de la mutation essentielle survenue à la fin des années soixante-dix dans la position philosophique de Putnam - laquelle passe de la thèse réaliste de la vérité en soi des énoncés scientifiques, indépendante de leur cognoscibilité subjective, à une position
critique affirmant l'incohérence d'un tel "réalisme métaphysique". L'enjeu essentiel de l'article de M. Kistler réside dans la démonstration que cette critique du réalisme conduit implicitement Putnam à un relativisme qui prive de sens la notion de vérité scientifique absolue, et repose en outre sur un argument dirigé contre la réalité des relations causales dont l'auteur met en évidence le caractère contestable. D.P.
Ce numéro s'ouvre par la traduction, due à W. Feuerhahn, de la seconde partie du premier article méthodologique de Max Weber, "Roscher et Knies et les problèmes logiques de l'économie politique historique", intitulée " Knies et le problème de l'irrationalité". Weber y critique la conception qu'a Knies des limites de l'intelligibilité en économie politique - limites qui tiennent, selon ce dernier, à la relativité historique et nationale, ainsi qu'à
l'irrationalité des comportements humains libres, qu'il oppose au caractère nomologique des processus naturels. Weber dénonce chez Knies une
confusion entre déterminisme causal et caractère nomologique, causalité et légalité, et s'oppose à tout repli des concepts épistémologiques d'explication et de compréhension sur l'opposition ontologique entre nature et esprit. Dans "Max Weber et l'explication compréhensive", W. Feuerhahn clarifie les enjeux de cette critique weberienne de Knies. Partant de la controverse traditionnelle "expliquer/comprendre", qui fait figure de topos de l'épistémologie des sciences de l'homme, il s'attache à relativiser la présentation de l'explication et de la compréhension comme méthodes inconciliables rapportées à des domaines ontologiques hétérogènes, et montre comment Weber refuse tout ancrage ontologique de l'opposition entre sciences nomologiques et sciences de la réalité dans les régions nature et esprit, pour
les déterminer par leurs visées épistémiques respectives, et fait place, au sein des sciences historiques de la culture, à la notion d'explication compréhensive qui concilie ces deux orientations.
Dans "Le visage défiguré", J. Vioulac entend dédouaner la pensée de Levinas de la double critique qui lui fut adressée : d'avoir été dupe de la morale, et d'avoir amorcé une tentative de dépassement de l'hégélianisme qui se serait soldée par un échec. Prenant le contre-pied du célèbre article " Violence et métaphysique " où Derrida affirmait que la relation à autrui thématisée par Levinas se réduisait à la dialectique intersubjective magistralement décrite par Hegel dans la Phénoménologie de l'esprit, J. Vioulac montre
comment cette dialectique subordonne intégralement la description phénoménologique à la logique, en réduisant le rapport à autrui à un moment interne au syllogisme de la conscience de soi ; et comment la subordination de l'individu à l'universel dans la philosophie hégélienne de l'État confirme sans équivoque le non-apparaître d'autrui comme tel à la conscience, l'impossibilité du face-à-face entre consciences, et le régime de violence propre à la métaphysique. Le numéro se clôt avec "La rationalité et la causalité dans le réalisme interne de Putnam", où M. Kistler part du constat de la mutation essentielle survenue à la fin des années soixante-dix dans la position philosophique de Putnam - laquelle passe de la thèse réaliste de la vérité en soi des énoncés scientifiques, indépendante de leur cognoscibilité subjective, à une position
critique affirmant l'incohérence d'un tel "réalisme métaphysique". L'enjeu essentiel de l'article de M. Kistler réside dans la démonstration que cette critique du réalisme conduit implicitement Putnam à un relativisme qui prive de sens la notion de vérité scientifique absolue, et repose en outre sur un argument dirigé contre la réalité des relations causales dont l'auteur met en évidence le caractère contestable. D.P.
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EAN
9782707319180
Caractéristiques
EAN | 9782707319180 |
---|---|
Titre | Philosophie N° 85, Printemps 2005 |
Auteur | Weber Max - Feuerhahn Wolf - Vioulac Jean - Kistle |
Editeur | MINUIT |
Largeur | 135mm |
Poids | 117gr |
Date de parution | 25/03/2005 |
Nombre de pages | 94 |
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